La médiation internationale dans la crise malienne a prévu une cérémonie de signature le 15 mai prochain à Bamako. Mais, certains irrédentistes du Nord, regroupés autour de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), rejettent toujours le texte proposé. Alors que se passera-t-il si tout le monde ne signe pas ?
Pour le ministre malien de la Réconciliation, Zahabi Ould Sidi Mohamed, il faut, quoi qu’il en soit, aller de l’avant. Pas question que le Mali soit » pris en otage » par des » ennemis de la paix » qui dépendent des trafiquants de drogue.
Pour le ministre de la Réconciliation nationale, le travail qui a conduit à la conclusion de cet accord, accepté par la majorité des parties prenantes, est le produit d’un long processus participatif. « Trois des parties ont paraphé et sont prêtes à signer, il en reste une qui n’a pas encore paraphé. Je ne sais que vous dire, si elle ne signe pas, ce n’est pas la fin du monde, pour être très franc avec vous « .
A la question de savoir si la Coordination des mouvements de l’Azawad ne fait pas partie des principales parties prenantes à ces négociations, Zahabi Ould Sidi Mohamed répondra par l’affirmative. Avant d’ajouter que le gouvernement espère que ces groupes rebelles soient aussi de ceux qui vont signer. « Alors vous me direz que s’ils ne venaient pas, qu’est-ce qu’il va arriver ? Eh bien, je vous dirai ce que Gbagbo avait dit une fois : » c’est qu’il n’y aura rien du tout « . Celui qui ne veut pas venir prendre part à la paix, eh bien le train ne doit pas s’arrêter », a-t-il indiqué. Et de préciser que l’accord a aussi prévu que la communauté internationale devait prendre des sanctions ciblées contre ceux qui ne veulent pas la paix.
Concernant le souci de savoir si cette auto-exclusion des séparatistes kidalois peut avoir une quelconque conséquence sur le reste du processus, le ministre Zahabi dira qu’il y a les communautés du Nord, dont la grande majorité est pour l’accord. Si donc, à l’en croire, une partie ne représentant qu’une très faible minorité n’ y adhère pas,, cela ne doit pas bloquer tout le pays. Et de relever : «On sait que certains mouvements sont manipulés par les narcotrafiquants et également par les extrémistes, qui ont élu domicile dans le nord du Mali. Et peut-être ont-ils même peur de ces gens; c’est pourquoi ils ne peuvent pas signer».
A la question de savoir si le refus de signer de certains groupes ne va pas entraîner la radicalisation de certaines franges de la population, le ministre de la Réconciliation a souligné que cette prétendue « radicalisation de la population « est brandie simplement comme un chantage. « Si on parle vraiment de population, elle est fatiguée. Dans les camps de réfugiés, ils sont fatigués, dans les régions du nord du Mali, ils sont fatigués, au Mali tout le monde est fatigué de cette guerre. Dire qu’ils vont se radicaliser ? Est-ce qu’on peut aller plus loin que là où on est arrivé ? », s’est-il interrogé.
A propos de la recrudescence d’attaques armées ces derniers jours, y compris dans le centre du pays, Zahabi Ould Sidi Mohamed assure ne pas être inquiet par ces « petites actions de sabotage » du processus de paix. Les terroristes, explique-t-il, «ont toutes sortes de techniques pour démoraliser les gens et on va faire face à ça », a-t-il ajouté.
A en croire le ministre Zahabi, la médiation est fortement engagée dans le processus ; et le gouvernement s’est aussi suffisamment impliqué dans les discussions. « Les débats étaient transparents. Toutes les questions ont été abordées, il n’y avait pas de sujet tabou « , a-t-il souligné. Avant de préciser qu’il y a eu un dialogue face-à-face entre les mouvements rebelles et la société civile, et entre eux et le gouvernement du Mali. Il a ajouté que les négociations ont porté sur le fond du texte, qu’ils ont donné leurs arguments et la médiation a écouté tout le monde.
A la question de savoir s’il est content de la qualité des discussions, le ministre dira que » c’est peut-être parce que les thèses de certaines parties n’ont pu prospérer qu’elles estiment qu’il n’y a pas eu suffisamment de face à face. C’est pourtant un processus qui a duré sept mois « .
Pour lui, les séparatistes veulent simplement «garder un fonds de commerce. Ils ont besoin d’une couverture politique pour dire qu’ils ne sont pas d’accord, que leurs revendications n’ont pas été retenues. Alors qu’au fond, tout le monde sait que ceux qui ne veulent pas la paix sont alimentés par les trafiquants de drogue et les gens du crime organisé. C’est ça le vrai problème, auquel nous sommes aujourd’hui confrontés. Sinon, la rébellion a une solution à travers cet accord, qui permet à tout le monde de s’exprimer et d’aller ensemble vers la paix. Et je dis que cet accord s’attaque aux racines du problème. À commencer par la question de l’Azawad, dont on parle».
Quid de la reconnaissance officielle de l’Azawad comme entité géographique, politique et juridique, comme réclamée par la CMA? Zahabi dira que c’est là où il y a eu un problème. « L’accord dit qu’il y aura des concertations nationales sur la question et que si tous les gens de toutes ces régions disent qu’ils s’appellent Azawad, on va les appeler Azawad, et ça n’irritera plus personne. Pourquoi alors, avoir peur alors du verdict de la démocratie ? Si vraiment ils représentent les gens du Nord, qu’est-ce qui les empêche de faire leurs consultations à Gao et à Tombouctou ? Pourquoi les concertations s’arrêtent-elles seulement à Kidal ? Ils ne prendront pas le Mali en otage, et encore moins la communauté internationale « , a-t-il martelé.
B D S