Pour le médiateur algérien comme pour les autorités maliennes, la récréation est terminée, il faut maintenant aller à la signature d’un accord de paix durable, voire définitif, au forceps s’il le faut. Le Gatia aussi l’a compris, lui qui vient de déloger le Mnla de Ménaka.
La médiation internationale conduite par l’Algérie semble déterminée à faire signer l’accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali. Elle avait fixé la date de signature au 15 mai sans même avoir le quitus de la Coordination des mouvements rebelles et terroristes de l’Azawad (Cma) qui n’avait même pas daigné parapher le document le 15 avril, comme on le lui demandait gentiment. Depuis cette date, alors que tout le monde s’attendait à une signature sans la Cma, le ton avait été durci par la communauté internationale, dont certains membres ont menacé de sanctions les récalcitrants « ennemis de la paix. » Ces menaces semblent avoir payé car la CMA vient d’affirmer son intention de signer à la date indiquée l’accord pour la paix. Aux dires de certains de ses porte-paroles, ses responsables se seraient entendus avec les autorités maliennes sur leurs points de revendication. Or, ceux-ci tournent essentiellement autour de la reconnaissance de l’Azawad comme une entité politique, juridique et autonome. Revendication rejetée à la fois par la médiation internationale, les autorités maliennes, la majorité du peuple malien regroupé dans l’opposition, classe politique et société civile confondues, et, surtout par la plateforme des mouvements d’autodéfense.
Dédaigneusement et péjorativement qualifiés de milices progouvernementales par une certaine presse tendancieuse et pervertie, ces mouvements d’autodéfense ont été jusque-là le principal rempart à la prise de contrôle des régions du nord par les mouvements rebelles terroristes (Mouvement national de libération de l’Azawad ‘’Mnla’’, Haut conseil pour l’unité de l’Azawad ‘’Hcua’’, Mouvement arabe de l’Azawad ‘’Maa’’, Coalition des peuples de l’Azawad ‘’Cpa’’, des mouvements rebelles terroristes qui ont pris leurs quartiers à Kidal sous la protection bienveillante des forces françaises et onusiennes. Toujours sous la protection bienveillante de la Minusma et de Serval puis Barkhane, ces mouvements étaient parvenus à étendre leurs tentacules sur des localités des autres régions du nord. En l’absence de l’armée loyaliste, des services de sécurité et de l’administration, handicapés par la présence des troupes étrangères et de prétendues considérations sur le respect des droits de l’homme, ils auraient très bien pu prendre le contrôle de toutes les localités si les mouvements d’autodéfense n’étaient pas là. Notamment le Groupe d’autodéfense des Touareg Imghad et alliés (Gatia). Qui, avec l’assistance d’autres, était parvenu à cantonner les mouvements rebelles terroristes à Kidal et à Ménaka (région de Gao).
Lundi dernier, une offensive du Gatia a permis de libérer cette localité du nord-est de la présence nocive du Mnla qui l’occupait depuis mai dernier. Libérer, c’est bien le terme qui convient au vu des images des scènes de liesses et de réjouissances populaires qui ont suivi l’intervention salvatrice du Gatia.
Quelques heures après avoir été chassés de Ménaka comme les chiens errants qu’ils sont, les membres du Mnla se sont rendus dans leurs canaux de communication habituels pour dénoncer la violation des accords de cessez-le-feu et de respect des positions d’avant juin 2013. Des accords de cessez-le-feu avaient effectivement été signés par les groupes armés et les autorités légales, en particulier après la débâcle de l’armée à Kidal en mai dernier. Mais les autres accords qui ont suivi avaient surtout été imposés au gouvernement malien quand les mouvements d’autodéfense étaient montés en puissance, infligeant de lourdes pertes militaires aux membres de la Cma traqués comme des bêtes sauvages. Leurs plus grandes défaites, ils les ont enregistrées dans le Gourma des cercles de Gao et d’Ansongo où ils n’avaient rien à faire s’ils avaient effectivement respecté leurs positions après la signature de l’accord de Ouagadougou. Et s’ils avaient aussi respecté cet accord, les éléments du Mnla n’auraient jamais dû se trouver à Ménaka d’où ils viennent d’être chassés comme les bêtes malfaisantes qu’ils sont.
De plus, ces accords imposés au gouvernement malien n’engagent en rien les mouvements d’autodéfense obligés, par devoir, de se battre pour la survie de leurs populations. Ils avaient déjà eu tort de cesser le feu à la demande de la Minusma lorsqu’ils étaient pratiquement aux portes de Kidal.
Ils auraient tort encore plus de s’arrêter en si bon chemin sur la libération de tout le nord. Car leur entrée, assez facile du reste, à Ménaka est la preuve de ce que les observateurs ne cessent de dire depuis longtemps : le Mnla ne représente plus rien sur le plan militaire. Il est vrai que grâce à certaines radios internationales ses responsables sont encore habiles en propagande, mais sur le terrain ils font office de lavettes, sous le couvert du Hcua et des jihado-narcotrafiquants. Au Gatia de tirer tous les enseignements de cette libération, et à l’armée malienne de prendre enfin ses responsabilités.
Abdel HAMY