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Regain de violences au Nord : Menaces sur l’accord d’Alger
Publié le mercredi 29 avril 2015  |  Lerepublicainmali
Réunion
© aBamako.com par FAROUK BATICHE
Réunion d`Alger consacrée à la situation du nord-Mali
Alger, le 16 juin 2014. Six pays du Sahel se sont réunis pour se pencher sur la situation au nord du Mali.




« Tombouctou va tomber dans quelques heures » : toute la nuit du lundi au mardi, les ressortissants de la sainte cité ont gardé leurs doigts croisés face à la menace proférée par les mouvements séparatistes de l’Azawad qui ont très vite maîtrisé les techniques de la guerre psychologique par réseaux sociaux interposés. Il y eut même quelques frayeurs, des bruits d’armes lourdes ayant été entendus tôt hier autour de la ville. Heureusement que les radios libres ont vite rassuré : ces bruits étaient ceux des armes de soldats maliens qui s’entraînaient en brousse. Plus loin dans la région de Gao, notamment à Menaka, la guerre n’est pas du tout psychologique. Les forces qui s’y affrontent font tout pour éviter le coup de feu et les bilans macabres -un mort déclaré- mais la tension est vive et la veillée d’armes réelle. Le lundi en effet, sous la pression du Gatia qui était prêt à en découdre militairement, les troupes du Mnla ont quitté la ville. Ce mardi, alors que le chef politique du Gatia, Fahad déclarait dans la presse internationale que son mouvement contrôle la situation et la ville, plusieurs sources locales font état d’une marche à laquelle plusieurs centaines de Menakois ont participé pour demander le retour de l’armée malienne. Une ambiance de triomphe en total contraste avec l’état d’âme de la Cma et du Mnla en particulier. Pour ce mouvement, Gatia c’est le gouvernement malien et il assimile l’attaque de Menaka à une violation du cessez le feu du 23 mai 2014.
Menaces sur la paix et inquiétudes pour le 15 mai
Le porte-parole des mouvements de l’Azawad déplore que les événements de Menaka surviennent « au lendemain d’un engagement définitif de la CMA à parapher l’accord dans les plus brefs délais, transmis au chef de la Minusma et représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu ». Et il menace : il est hors de question que son mouvement reste les bras croisés devant ce qu’il qualifie d’attaques dictées par Bamako, avant d’inviter la communauté internationale à condamner de tels agissements et à prendre leur responsabilité. Le 27 avril, le Représentant Spécial du Secrétaire général interpelle les parties prenantes sur les risques que leurs actions peuvent entrainer pour le fragile processus de paix malien. Dans un communiqué qualifié de problématique par un site d’informations de Bamako, l’Onu s’agace : « des mois de négociations intenses impliquant toutes les parties en vue de mettre un terme à la crise malienne pourraient être menacés ». Ces actions, poursuit le communiqué, « constituent de graves violations des accords de cessez-le-feu ». Jusque-là, rien de vraiment méchant. Mais le communiqué affirme qu’à Nouakchott le 26 avril, les représentants de la CMA ont « réaffirmé leur pleine adhésion au processus de paix en cours, et ont confirmé leur intention de parapher l’Accord » et il appelle au retour des positions initiales. Pour bien des Bamakois, cela sent le souffre. D’abord comment croire la Cma sur parole et surtout comment peut-on demander à Gatia de rétrocéder sa victoire ? Si la rue bamakoise jubile, c’est pourtant la grosse angoisse dans les chancelleries de la capitale malienne. Le porte parole du gouvernement peut en appeler, comme il veut à la retenue des acteurs. Mais il aura du mal à convaincre la communauté internationale que Gatia n’est pas une milice gouvernementale agissant par et pour Bamako. D’où l’inquiétude que la Cma ne boude la signature le 15 mai à Bamako de l’accord d’Alger.
Adam Thiam
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