Orthographe à l’appui, certains l’appellent Hamadou tandis que pour d’autres, il est Hammadoun. Cependant, pour le très officiel et confus décret 2015-0004/P-RM du 10 janvier 2015, mais signé le 10 janvier 2014 et publié sur le site du gouvernement, il s’appellerait Hamidou.
Voici donc trois prénoms typiquement maliens, sahéliens et musulmans, déformation ou distorsion de Mahomet, le Prophète de l’Islam. Mais qui est-il donc pour l’état-civil ? Si peu de gens le savent, tout le monde est unanime sur son nom de famille : Konaté. Autre certitude : il est le ministre de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la Reconstruction du Nord.
S’il est un humanitaire et un développeur chevronné, notamment pour avoir servi à Kidal, toujours occupé par les rebelles terroristes depuis janvier 2013, au compte de la coopération luxembourgeoise, le ministre Konaté est aussi un parent par alliance de GPP (Grand pansu penseur pour les mésalliés). D’ailleurs, pour les langues vipérines il doit sa nomination à cette parenté. Il est censé être un pilier de la relance socio-économique du Mali qui peine à sortir d’une crise multidimensionnelle née de plusieurs causes. Pour cela, il a participé au marathon d’Alger aux côtés de son collègue des affaires étrangères.
A l’arrivée, rien. Le projet d’accord fait toujours désaccord et le ministre Konaté, chinoiserie galopante oblige, en est réduit à recevoir des tricycles pour un pays handicapé moteur, des véhicules pour des routes du nord non encore construites et divers matériels chinois en guise de solidarité agissante. Auparavant, il avait bénéficié d’importants dons du négociateur algérien, dont des céréales qui ont failli pourrir à Alger par la faute des Maliens et au grand détriment des populations du nord.
En l’état actuel des choses, où la signature d’un accord de paix sans les mouvements rebelles terroristes ne résoudra rien parce que le Mali et la Minusma se refusent à l’offensive libératrice, le ministre Konaté se demande à quoi sert son département. Il ne peut faire acte de solidarité ou d’action humanitaire envers des populations auxquelles il n’a pas accès ; il ne peut reconstruire un nord qui échappe à son contrôle, et où les populations attendent désespérément qu’on pense enfin à elles pendant qu’elles font face à toutes sortes de menaces, dont la famine.
Mais malgré tout, Hamadou, Hammadoun ou Hamidou Konaté y croit sans que personne ne sache sur quoi il fonde ses convictions que le processus de paix est enclenché et dynamique. Aurait-il une planète de rechange ? C’est plus que jamais le moment de faire acte de solidarité envers le peuple malien qui doit savoir où aller en cas de chaos.
Cheick TANDINA