Selon une source jointe sur place, depuis un récent séjour des forces armées maliennes pour sécuriser les populations de la zone, les responsables municipaux sont sous la menace des islamistes.
L’acte ignoble a été posé, selon notre source, le 17 avril 2015, lorsque des hommes armés sont descendus nuitamment chez le premier adjoint au Maire de cette commune située dans l’arrondissement de Kouakourou, cercle de Djenné, région de Mopti. «Heureusement qu’ils ne l’ont pas trouvé sur place, sinon ils l’auraient tué», se félicite notre interlocuteur qui a requis l’anonymat, histoire de ne pas être la prochaine cible des hors-la-loi, mais surtout pour des raisons administratives. Selon lui, les islamistes verraient, probablement, la main des responsables municipaux derrière la venue d’un contingent des forces armées maliennes qui ont récemment séjourné dans la zone avant de se retirer à Ténenkou qui fait frontière avec la commune de Togué-Mourrari, dont le chef-lieu est Mourrah. Puisque le terrain n’est pas adapté aux engins à quatre roues, à part les véhicules militaires, les soi-disant djihadistes circulent à motos, si l’on en croit notre source.
Selon lui, ceux qui se sont livrés à cet acte se réclament d’Ançar Eddine, probablement celui d’Iyad Ag Ali. Dans le but de gagner la confiance de la population et de s’installer donc de manière progressive, ils tentent de rassurer celle-ci sur le bien fondé de leur intention. Plus exactement, les pseudo-djihadistes l’ont essayé pendant l’occupation des régions nord du pays, en 2012. «Ils ont même adressé une lettre au maire de Mourrah, qu’on a fait lire à des arabisants. Dans cette lettre, ils disent qu’ils sont là pour aider à la propagation de l’Islam et ils lancent un appel à tous les musulmans de se joindre à eux», affirme notre source qui rappelle par ailleurs que c’est pratiquement tout le delta intérieur du Niger qui se trouve être menacé par ce problème. Que fait la haute hiérarchie administrative pour faire face à la situation ? À cette question, notre interlocuteur, même s’il n’exprime pas ouvertement un sentiment d’abandon, se plaint à demi-mot de l’insuffisance des moyens sécuritaires dans certaines localités, notamment celles mises à la disposition des responsables administratifs. «En réalité, elle veut intervenir, mais c’est plutôt les moyens qui manquent beaucoup, surtout sur le plan humain. Il y a des Sous-préfets qui n’ont même pas de garde», fait-il remarquer.
Il nous revient par la même source que face à la recrudescente de l’insécurité dans la zone, des responsables de l’administration n’ont eu d’autre choix que d’évacuer leurs familles en attendant d’y voir clair. Mais ce que notre interlocuteur déplore, c’est le fait que l’insécurité qui sévit dans les cercles de Ténenkou et de Youwarou est fréquemment évoquée alors que le cercle de Djenné connait pratiquement le même problème que ces deux autres.
En voici une autre situation qui devrait interpeller tous les signataires des accords du processus de paix. Car, tant qu’un accord n’aura pas été signé, l’insécurité aura de beaux jours devant elle, et c’est toujours la population qui en paye les frais.
Bakary SOGODOGO