La signature du projet d’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, prévue le 15 mai à Bamako, est attendue par tout le monde, car pouvant être le début de solution à la crise qui sévit dans le pays depuis les tristes événements de mars 2012. Parce que, aussi, le Mali a besoin de paix durable voire définitive pour amorcer la relance politique et socioéconomique.
Dans ce projet, il est prévu une nouvelle architecture institutionnelle et politique construite sur l’approfondissement du processus de décentralisation. Après la phase de communalisation qui n’a pas connu le même bonheur partout, il faut en effet la corriger tout en passant au palier supérieur : la régionalisation.
Guerre de succession
Mais la réussite d’un tel processus exige l’élection d’instances dirigeantes crédibles au niveau des communes et des régions. En somme, pour espérer réussir une bonne décentralisation, il faut au préalable des élections communales et régionales libres, transparentes, inclusives, et dont les résultats sont acceptés par la grande majorité des acteurs politiques et des citoyens. Il faut aussi les hommes qu’il faut, des hommes qui ne sont pas noyés par des ambitions personnelles ou obnubilés par un calendrier individuel.
Un département est chargé de réussir ces deux principaux challenges : le ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation. Il est dirigé depuis janvier par Abdoulaye Idrissa Maïga, une des têtes pensantes du parti présidentiel, le Rassemblement pour le Mali. Il est aussi un des artisans de la victoire d’Ibrahim Boubacar Kéita dont il a dirigé la campagne électorale en vue de la présidentielle de 2013. Les deux hommes seraient très proches, selon plusieurs fins connaisseurs du RPM, une proximité qui semble déranger certains cadres, également proches d’IBK, qui se sont positionnés depuis longtemps pour succéder à BoulkassoumHaïdara, président par intérim du parti depuis l’élection d’IBK à Koulouba, et qui vient d’être élu président du Conseil économique social et culturel. Cette guerre de succession pollue présentement l’atmosphère au sein du parti présidentiel, ni IBK ni Haïdara n’ayant révélé des préférences quant à celui qu’ils veulent voir diriger leur parti.
Taire toute ambition personnelle
Selon plusieurs observateurs, si ces deux responsables politiques ont choisi cette voie de sagesse, c’est parce qu’ils estiment que le pays a d’autres priorités auxquelles il faut s’attaquer de toute urgence. L’une de ces priorités est justement la réussite totale du nouveau processus de décentralisation. Dans son entourage, on dit que le ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation n’a pour seule priorité que la réussite du projet présidentiel de doter le pays d’une nouvelle architecture institutionnelle et politique plus apte à promouvoir et à pérenniser la paix, la réconciliation, la cohésion et le développement socioéconomique. Et pour ce faire, Abdoulaye Idrissa Maïga aurait décidé d’étouffer, à son niveau, toute ambition politique personnelle. Pour le moment, en dehors du siège de la direction de son parti, on le voit très peu sur la scène politique nationale, contrairement à ceux qui l’ont pris pour cible parce que croyant qu’il est le pion gênant à éliminer, multipliant les peaux de banane sous ses pas. Mais pourrait-il continuer à encaisser les nombreux coups bas qu’il reçoit depuis quelques temps sans avoir envie de riposter et de rendre coup pour coup ? L’avenir le dira. En attendant, comme tous les autres Maliens, ses yeux sont rivés à son calendrier, pressé de voir arriver ce fameux 15 mai qui va décider de l’avenir du Mali.
Cheick TANDINA