Échanges d’accusations, désinformation et manœuvres politiques à deux semaines de la signature de l’accord de paix final à Bamako. Le tout couronné par une inquiétante escalade des violences, auxquelles les mouvements terroristes islamistes mêlent leurs cordes dans le Nord-Mali.
Deux militaires et un enfant ont péri hier matin dans une attaque armée à Goundam, une localité distante de 80 kilomètres de Tombouctou, dans le nord-ouest du Mali, ont rapporté les médias maliens. “Ce matin (hier, ndlr) vers 5h30, des hommes armés ont attaqué le village de Goundam. Le bilan provisoire est de trois morts, dont le chef d'une unité de la Garde nationale, son adjoint et un civil”, a déclaré Souleymane Maiga, chef du service d'information de l'armée malienne, cité par Le Journal du Mali, un quotidien local en ligne. “Les assaillants seraient venus de l'Est. Ils étaient en voiture. Ils ont également enlevé un véhicule dans le camp des gardes”, a affirmé une source de la mission onusienne, la Minusma, sous le couvert de l’anonymat, a rapporté l’AFP. L’attaque n’a pas été revendiquée, mais la presse malienne pro-Bamako a montré du doigt les groupes armés issus de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), membre de cette coordination, avait essuyé lundi, à Ménaka (200 km à l’est de Gao), une cinglante défaite, lors des affrontements qui l’ont opposé au Groupe d’autodéfense des Touareg de l’Imghad et alliés (Gatia, pro-Bamako). La CMA accuse le gouvernement malien de violer le cessez-le-feu, en vigueur depuis le 23 mai 2014, en se cachant derrière Gatia. Mais ce mouvement pro-malien, créé en août 2014, a affirmé hier que les violences de Ménaka étaient provoquées par le MNLA qui se serait attaqué à des chefs coutumiers, en mission de vulgarisation de l’Accord d’Alger, dont la signature à Bamako est prévue pour le 15 mai prochain. “Une mission de nos chefs coutumiers devait participer à une rencontre préparatoire à la signature de l'accord de paix à Tarkint. Mais elle est tombée dans une embuscade des forces du MNLA, à environ 40 kilomètres au sud-ouest de Ménaka”, a déclaré, hier, Fahad Ag Almahmoud, le secrétaire général de Gatia, dans un entretien téléphonique accordé au magazine panafricain Jeune Afrique. De l’autre côté, le MNLA s’est disculpé, via un communiqué rendu public sur son site, affirmant que c’est Gatia qui avait commencé les hostilités, provoquant ainsi une reprise des violences dans plusieurs localités du Nord-Mali. Hier après-midi, le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), autre membre de la CMA, a affirmé que Léré, une petite commune du centre-ouest du Mali, était passée sous contrôle de cette coordination. Mais il était difficile de vérifier la véracité de cette information. Des tirs à l’arme lourde, de la CMA contre les positions de l’armée malienne à Tombouctou, ont aussi été enregistrés, lundi soir, toujours selon le MAA. Au milieu de cette confusion, la Minusma essaie de se déployer dans les villes concernées par ces violences, mais ses effectifs et les moyens dont elle dispose ne suffisent pas si la situation dégénère dans les heures et jours à venir. Les appels à l’arrêt des violences sont inaudibles, ce qui menace directement l’issue du processus de paix au Mali, a averti le chef de la Minusma, Hamdi Mongi.