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Art et Culture

Culture du milieu Sénoufo: Un Festival souhaité pour promouvoir le Pôri
Publié le dimanche 3 mai 2015  |  Le Reporter
Concert
© aBamako.com par Androuicha
Concert ``Nuit du Balafon``
Bamako, le 19 avril 2014 au palais de la culture. L`association des balafonistes du Mali (AB-Mali) parrainée par Malamine Koné, le président d`honneur de l`Alliance pour la Paix et la Solidarité (APS), a organisé un concert dénommé ``Nuit du Balafon" pour prêcher la paix à tous les Maliens.




Le Mali est si riche en culture qu’on peut organiser des Festivals de promotion sur la durée d’une année. Ainsi, chaque région naturelle cherche à sortir de sa léthargie promotionnelle en faisant découvrir des pans attrayants de sa culture, comme le Pôri en milieu Sénoufo.

«Le Pôri est une fête traditionnelle qui existe depuis la nuit des temps chez les Sénoufo. Elle est annuelle, bi-annuelle ou même triennale, selon les villages et selon les circonstances», souligne Niara Diarra alias «Professeur», Administrateur territorial à l’Assemblée régionale de Sikasso. Il ajoute : «Le Pôri est comparable aux fêtes de Tabaski et de Pâques. Mais comme une grande partie des valeurs culturelles maliennes, les recherches écrites sont peu nombreuses, voire rares sur cette fête qui constitue pourtant un repère quintessentiel dans l’esprit de l’Homme Sénoufo». Donc, un autre pan important méconnu de la diversité culturelle du Mali. Cependant, souligne N. Diarra, quelques mémoires de l’Ecole nationale d’administration (ENA) et de l’Ecole normale supérieure (Ensup) l’ont abordée sous différents aspects.

Cette manifestation regroupe généralement toutes les femmes natives, tous les amis, toutes les alliances. «C’est un facteur de cohésion sociale et de paix. C’est l’occasion de se repentir, de se pardonner les uns les autres, de consolider les liens sociaux, de se faire des bénédictions», indique l’Administrateur dans une note de présentation qu’il vient de lui consacrer.
La fête dure quatre jours et sa date est fixée chez le chef de village, quarante-deux jours à l’avance à partir d’une combinaison des jours de la semaine sacrée de six jours (qui va de Wa à Sana) et de ceux de la semaine ordinaire de sept jours (qui va de dimanche à samedi). «Le Sénoufo, où qu’il se trouve, fête le Pôri», assure Niara Diarra. C’est dire que cette fête constitue un trésor culturel capital qu’il faut valoriser et sauvegarder pour les générations futures. Ne serait-ce que dans son esprit d’intégration sociale.

Aujourd’hui, de nombreux cadres de la région de Sikasso se battent pour «son classement dans le patrimoine national du Mali». Cela est d’autant souhaitable que le Pôri risque d’être bientôt un patrimoine en péril. Ce classement est aussi un facteur de promotion culturelle, artistique et touristique pour le pays Sénoufo. En effet, comme l’assure l’Administrateur territorial, «le Pori n’est ni un fétiche, ni une société secrète. C’est une fête populaire, une sorte de Festival au cours duquel tous les instruments de musique se jouent ; une sorte de foire pendant laquelle les commerçants réalisent de bonnes affaires». Cette manifestation socio-culturelle peut donc non seulement contribuer à développer «le mécénat local», mais elle peut aussi particulièrement attirer les touristes (tourisme solidaire, écotourisme…), les ethnologues, les sociologues. Sans compter que sa célébration offre également un espace idéal de communication.
Idée de projet.

L’organisation d’un Festival itinérant autour du Pôri est considérée par de nombreux observateurs comme une importante stratégie de préservation de cette richesse passée. Pour Niara Diarra, il s’agit ainsi de susciter l’intérêt auprès des touristes, des chercheurs ; de faire la mise en relation avec les maires et les autorités coutumières des villages concernés ; d’organiser/de faciliter les voyages/les déplacements sur les sites/villages ; de faciliter les séjours ; de partager le quotidien vécu par des populations ; de susciter des partenariats pour le développement local...

«Je lance l’idée et la mets à la disposition de toutes celles ou de tous ceux qui peuvent la mettre en œuvre... L’objectif ultime pour moi est que le projet puisse contribuer à améliorer la destination touristique de la région de Sikasso», indique M. Diarra, Administrateur territorial à l’Assemblée régionale de Sikasso. Un appel entendu, car déjà, des voix s’élèvent pour reconnaître que «l'idée de partir du Pôri pour organiser des Festivals en milieu Sénoufo est intéressante».

«Le Festival suppose que les événements se déroulent à la même période. De ce fait, on pourrait envisager la dimension commune pour le Festival», assure Noufou Sanogo, un cadre de la région. Ainsi, poursuit ce dernier, «il va falloir convaincre les villages de la même commune, qui partagent le même jour de fête, de choisir la même date et de coordonner le déroulement des festivités». L'accent sera alors mis sur le folklore phare de chaque village pour le valoriser. Et pour commencer, il faut naturellement une commune et des villages-pilotes.

Il faut rappeler que le pays Sénoufo s’étend au-delà du Mali car couvre aussi la Côte d’Ivoire (région de Korhogo) et le Burkina Faso (Bobo Dioulasso). Pour certains chercheurs par exemple, «les Sénoufo font partie des populations les plus anciennement installées sur le sol burkinabè». Selon certaines sources officielles, l’ethnie Sénoufo compte environ 1.500.000 individus répartis en une trentaine de sous-groupes. Chaque sous-groupe possède ses caractères propres, mais ils sont tous liés par quelques traits culturels caractéristiques qui font l’unité des Sénoufo. Il s’agit de la langue, des patronymes, de l’organisation sociale et religieuse.

Moussa BOLLY
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