Où en est-on aujourd’hui avec la réhabilitation du premier président de la République du Mali Modibo Kéita? C’est curieux que des Maliens se posent encore cette question qui n’est plus d’actualité depuis la décennie Alpha Oumar Konaré. Le premier président, que d’autres aussi appellent père de l’indépendance, a eu droit à un magnifique stade omnisports et un riche Mémorial.
Chaque année sa mémoire est honorée. Pourtant, à en croire certains, il n’aurait droit à rien de tout cela si les Maliens n’avaient pas la très mauvaise manie de déformer ou de falsifier l’histoire, en l’épurant de certains faits. Parmi ceux-ci, la chasse aux sorcières dont les cadres et militants du Parti progressiste soudanais de Fily Dabo Sissoko, le grand ennemi de l’Us-RDA de Modibo Kéita, ont fait l’objet. Réhabiliter le premier président ? Il faudrait avant passer à la loupe les exactions des miliciens, l’emprisonnement et l’assassinat des opposants, nous dire pourquoi les huit ans de Modibo Kéita au pouvoir sont qualifiés d’autocratiques et de dictatoriaux par ses détracteurs. De 1960 à 1968, l’Us-RDA était un parti unique de fait, doté de tous les pouvoirs restrictifs et d’exclusion.
Et ce n’est certainement pas pour rien que le peuple malien, meurtri par huit ans de pseudo-socialisme tropicalisé teinté de maoïsme auquel les dirigeants eux-mêmes ne comprenaient absolument rien, est sorti massivement dans les rues pour saluer les militaires et leur coup d’Etat du 19 novembre 1968. Même ces intellectuels, qui dirigent le Mali depuis 1992, sous le couvert du PMT et PRMD se sont félicités à l’époque de la chute du « Simbo ».
Et aujourd’hui, des décennies plus tard, on peut dire que le parti de l’indépendance a quand même eu la chance de survivre. L’Us-RDA ne devrait pas être seulement en lambeaux, il aurait tout simplement dû disparaitre, car son idéologie et sa philosophie indépendantiste et nationaliste ne sont certainement pas partagées par tous ceux-là qui se battent pour un héritage exclusif. Que savent-ils vraiment de Modibo Kéita ?
Rien. Que reste-t-il vraiment de l’Us-RDA ? Peu de chose. Les pseudo-héritiers ont tout simplement compris qu’il y a toujours de l’argent à gagner en faisant du foin. Une tendance a des privilèges depuis que ses responsables ont eu l’intelligence de se coucher devant le parti au pouvoir et de battre le tambour pour le nouveau Simbo. L’autre tendance, n’ayant rien eu, veut profiter d’un triste anniversaire pour grignoter des miettes. Mais ça, même la ministre peut vous en donner. Il n’y a qu’à quémander, cela ne fait plus honte dans ce Mali où, selon un ex en tout, tout le monde ou presque est devenu griot Kouyaté de la famille royale des Kéita.
Cheick Tandina