Le syndicaliste Hammadoun A. Guindo dit ne pas comprendre certains comportements ou actions posées au Mali, un pays qui, depuis 2011, traverse une crise (sécuritaire, économique et sociale) dont il n’est toujours pas encore sorti. Ainsi, a-t-il interpellé les autorités au sujet du banditisme récurrent auquel notre pays est aujourd’hui confronté et qui, selon lui, trouve sa source dans les inégalités économiques et le sectarisme religieux. C’était à l’occasion de la célébration de la fête du 1er mai, fête internationale du travail.
Le conférencier s’est dit frustré de voir chaque jour que la loi est foulée au pied au Mali, un pays où on a promis de restaurer l’état de droit et de donner à la loi toute sa force. Mieux, il parle d’une banalisation de la gestion des affaires de l’Etat, étant donné que des décisions très importantes (qui affectent l’économie, les finances, la sécurité, des décisions qui affectent l’avenir de notre pays) sont prises en dehors des institutions ou départements qui en ont la charge, et qui plus est par des autorités sans visage, sans mandat officiel et sans instance de recours identifiable.
Pour le syndicaliste,
c’est une situation qui est encouragée par le premier magistrat, le président de la République, lui-même. «Le président de la République, président du Conseil supérieur de la magistrature, prend des actes qui violent les lois, malgré la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire consacrée par la constitution.
Il n’accorde aucune importance aux décisions de justice. Des criminels de guerre sont libérés sans être jugés. La corruption est à ciel ouvert et dans l’impunité totale aujourd’hui plus qu’hier. Avec un tel comportement, quel message envoie t-on ainsi à la famille judiciaire ? Que veut-on dire au peuple malien? », S’est interrogé M. Guindo.
Nord du Mali : l’histoire se répète…
Le secrétaire général, de la CSTM s’est aussi exprimé sur la crise du Nord et l’accord de paix, issu du processus des négociations conduites par l’Algérie. Au moment où le gouvernement s’apprête à signer cet accord, lors d’une cérémonie prévue le 15 mai à Bamako, la Cstm, par la voix de son secrétaire générale, a tenu à faire savoir son désaccord avec un accord qu’il juge «très dangereux pour notre pays».
A la fois inquiet et préoccupé face à ce qu’il considère comme répétition des faits dans la crise du Nord, le conférencier déclara : «Nous le dénonçons et le rejetons.
En 2006, c’était ‘l’accord d’Alger pour la restauration de la paix, de la sécurité et du développement de la région de Kidal’. Nous l’avion dénoncé parce que nous estimons que dans cet accord il y avait tous les éléments constitutifs d’un Etat de fait qui ne disait pas son nom. Aujourd’hui certains l’appellent Azawad ».
M. Guindo a également rappelé que le Rassemblement pour le Mali (RPM) et son président Ibrahim Boubacar Keïta avaient dénoncé l’accord de 2006. L’accord que ce parti défend aujourd’hui étend l’Azawad à la région de Gao et celle de Tombouctou, selon l’orateur. « Quelle région sera la prochaine cible ? », s’interrogea-t-il.
En outre, le conférencier voit mal la volonté affichée par les autorités d’intégrer des éléments des groupes rebelles au sein des forces armées et de sécurité, tout en ayant conscience qu’ils (ces rebelles) n’inspirent aucune confiance. Le problème, ces combattants seraient incapables de loyauté parce que tout simplement n’ayant pas le même agenda politique que le Mali.
Oumar Diamoye