Une classe politique divisée à Bamako, une armée divisée et attentiste, une société civile instrumentalisée, une communauté internationale qui souffle le chaud et le froid. Tout porte à croire que la libération des régions Nord du pays n’est pas pour demain. Depuis le putsch du 22 mars 2012, on a l’impression que plus le temps passe plus on s’enlise.
Une classe politique divisée à Bamako.
Entre les pros-putschistes et les contre putschistes, la messe semble être dite. La classe politique malienne n’a jamais été si divisée plus qu’aujourd’hui. Les deux camps semblent se regarder en chiens de faïence. Et pourtant on pensait qu’avec la constitution du gouvernement d’union nationale le 20 août 2012, réclamé à cor et à cri par la classe politique, les politiciens allaient enterrer la hache de guerre et se consacrer à la seule mission qui vaille à savoir la reconquête des territoires occupés. Les assises nationales viennent d’être reportées. Apparemment, le PM de « pleins pouvoirs » a cédé face à la fermeté du FDR et de l’ADPS de ne pas y participer. La Copam et l’Alliance IBK 2012 continuent à réclamer la tenue des concertations nationales. Ils ont vigoureusement protesté contre le report de la date des concertations nationales lors d’un meeting, le samedi 24 novembre.
Une armée divisée et attentiste.
Malgré une réconciliation de façade. C’est un secret de polichinelles que l’armée est divisée depuis les événements tragiques qui se sont déroulés entre les « bérets verts » et « les bérets rouges », le 30 avril 2012 à Bamako. « La situation reste encore précaire au sein de l’armée » nous a confié un haut gradé de l’armée. Et le virus de la division a tout récemment atteint la police (lire le républicain/N°4506 du 16 novembre 2012).
« L’armée malienne fera tout son possible pour ne pas décevoir le peuple malien..», déclarait le Capitaine Amadou Aya Sanogo, devant des leaders religieux le 25 novembre. Dans une lettre ouverte adressée au président de la République, le lieutenant colonel Seydou Moussa Diallo a fustigé l’attentisme de nos autorités et de l’armée. Pour lui, l’armée doit engager le combat avec les moyens disponibles et attaquer l’ennemi sans délai et sans attendre les soldats de la CEDEAO.
La communauté Internationale, les pays du champ et la Cédéao soufflent le chaud et le froid.
Faut-il négocier ou faire la guerre ? Par manque de pragmatisme, la Cédeao ne sait plus sur quel pied danser. Si Alassane Ouattara, le Président en exercice de la Cédeao et Mahamadou Issoufi du Niger sont pour une intervention militaire dans les plus brefs délais. Le médiateur dans la crise malienne, Blaise Compaoré tergiverse et l’Algérie se montre réticente pour une intervention militaire au Nord du Mali. Le président mauritanien Abdoul aziz persiste et signe. Pour lui, pas question d’envoyer des troupes mauritaniennes au Mali pour la reconquête des régions occupées par « peur de représailles » de Bel moktar et compagnie. Pendant que Francois Hollande durcit le ton contre Aqmi et jugeait qu’une intervention militaire est inéluctable au Nord du Mali, Romano Prodi parle d’une intervention à partir de septembre 2013. Et pour ne rien arranger aux choses, les américains critiquent le plan militaire de la Cédeao. Pour Washington, les effectifs prévus par la Cédeao sont insuffisants face aux groupes islamistes armés. L’organisation ouest-africaine compte déployer 3.300 hommes dans la région. Les Etats-Unis estiment que le nombre de combattants islamistes entre 800 et 1200. Si l’on ne prend garde, tous les ingrédients semblent être réunis pour que la libération des régions occupées devienne très compliquée. Les djihadistes continuent d’étendre durablement leurs tentacules dans le septentrion de notre pays. Et les maliens retiennent leur souffle et souffrent le martyre en attendant une hypothétique résolution des nations unies.