Dans la nuit du dimanche 11 novembre, Malamine Diarra, un « coxeur » du marché Dibidani, a été appréhendé par des éléments de la Gendarmerie nationale au bar-restaurant « Provence », à Hamdallaye-ACI. Il est suspecté dans l’agression perpétrée contre le Président Dioncounda Traoré le 21 mai 2012 au Palais de Koulouba.
L’arrestation de Malamine Diarra est survenue au moment où il était à table avec des amis. Alors, les gendarmes armés, qui étaient à bord d’un pick-up, ont investi le salon dudit bar restaurant avant d’arrêter Malamine Diarra, mais ils ont exhibé une photo comme un « trophée de chasse ». Par la suite, les pandores ont expliqué qu’il est l’auteur de la tentative d’assassinat de Dioncounda Traoré, mais sans fournir d’autres détails. Selon nos informations, Malamine Diarra a été séquestré avant d’être déféré le lundi 12 novembre à la Maison centrale d’arrêt (MCA) de Bamako. Du coup, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre et est devenue la « une » de toutes les conversations. Mais dans la famille du suspect et parmi ses connaissances, on réfute cette accusation. « Les innocents sont en prison et les coupables en liberté », clament-ils. Et c’est d’ailleurs ce qui révolte et inquiète en même temps les parents et amis de Malamine Diarra. « Un seul suspect en prison, et la justice est perdue. Un seul coupable en liberté, et la société est menacée ». Mais entre ces deux périls égaux sur les deux plateaux d’une balance, qui communiquent toujours, mais ne se touchent jamais, il reste exception : c’est la détention provisoire, c’est-à-dire l’hypothèse où un homme, quoique présumé suspect, se trouve privé de sa liberté. Cette règle d’exception devrait s’accompagner d’un régime dérogatoire guidé d’abord par la nécessité de séparer les prévenus des condamnés.
Depuis le 14 août 2012, le Tribunal correctionnel de la commune III du District avait prononcé le verdict de l’agression contre le Président Dioncounda Traoré. Les responsables incriminés de l’Association « Yèrèwoloton » sont tenus pour coupables de l’agression et ceux de la COPAM pour complices, ou plutôt pour trouble à l’ordre public. Aussi, tous ont été condamnés à 3 mois de prison avec sursis. Pour les uns, la justice a été clémente, mais pour les autres, particulièrement les accusés, le droit n’a pas été dit. Et selon les propos de la Presse, notamment par certains accusés sur des radios libres, les véritables agresseurs de Dioncounda Traoré étaient des militants de l’ADEMA. Mais le hic, c’est que jusque-là, on ne connaît aucun militant de ce parti qui soit cité devant le tribunal. En plus, personne ne pointe le petit doigt sur les personnes en charge d’assurer la Garde présidentielle de Dioncounda Traoré.
On sait qu’à défaut de plainte contre des suspects nommément désignés, il revient à la Justice de mettre le grappin sur eux. Or ce procès ne signalait pas de personne dans ce cas.
Le pire, c’est qu’à l’instruction du dossier, les accusés aussi n’ont pu révéler l’identité d’aucun suspect, et le juge n’en a pas trouvé. Comme quoi, il revient aux accusés présents sur le lieu de l’assassinat manqué de pointer du doigt leurs supposés agresseurs de Dioncounda, au lieu de s’en tenir à des allégations sans fondement juridique et qui n’ont servi qu’à amuser la galerie. En définitive, il est facile de clamer son innocence tout en rejetant le « crime » sur le dos d’un autre. Et c’est cette situation qui semble frapper Malamine Diarra. Mais le procès qui suivra nous dira toute la vérité, enfin, on l’espère. Mais en attendant que la justice ne prouve contre X cette plainte sur l’agression du Président Dioncounda Traoré, c’est la chasse aux « boucs émissaires » qui se poursuit par les forces de sécurité. Peut-être auront-elles le courage de dire qui d’autres sont dans les liens de l’accusation. Mais attendons pour voir.