Déclenchée comme sur un chapeau de roue, il y a une année environ, la procédure judiciaire contre l’ancien président de la République ATT exilé à Dakar, pourrait être abandonnée avant d’échoir à la Haute cour de justice. Elle a du plomb dans l’aile et n’avance que trop péniblement, depuis l’ébruitement du rapport de la commission parlementaire en charge d’en examiner l’opportunité.
Déclenchée comme sur un chapeau de roue, il y a une année environ, la procédure judiciaire contre l’ancien président de la République ATT exilé à Dakar, pourrait être abandonnée avant d’échoir à la Haute cour de justice. Elle a du plomb dans l’aile et n’avance que trop péniblement, depuis l’ébruitement du rapport de la commission parlementaire en charge d’en examiner l’opportunité.
Il n’est pas superflu de rappeler le coup de massue que les adeptes de la ‘’Haute trahison’’ ont récemment reçu, suite à l’étalage sur la place publique, du contenu d’un rapport en deçà de leurs attentes et des lourdes charges énumérées par un certain Mahamane Baby, porte-parole du gouvernement à l’époque, à l’encontre de l’ancien président qui séjourne à Dakar depuis sa démission arrangée pendant la transition. Quoique la procédure de mise en accusation ait été violée –l’initiative ne devant pas passer par une saisine de la Cour suprême par le gouvernement en vertu des textes applicables- une commission ad hoc a été quand même tirée des cheveux à l’Assemblée nationale où la partie poursuivante jouit d’une écrasante majorité de députés pour ce faire. La même symphonie ne semble pas régner au sein de la mouvance pro IBK, depuis que la montagne de la Commission ad hoc a accouché d’une souris que les Maliens ont découverte avant terme.
Le dossier, selon des sources concordantes, a été ficelé et n’attend plus que le feu vert de la haute administration parlementaire pour amorcer la ligne droite tant attendue par l’opinion. Mais, son évolution souffre, depuis longtemps, d’interminables reports et ajournements explicables par les seuls calculs politiciens et la grande déconvenue que l’affaire risque de susciter à l’Assemblée nationale.
En clair, la direction parlementaire éprouve une grande gêne sur la question parce qu’en plus de faire défaut dans le contenu du rapport, les arguments pour la mise en accusation d’ATT manquent cruellement de soutiens politiques appropriés au sein de la majorité présidentielle. Parmi les entités parlementaires qui font défection à l’initiative figure le grand partenaire du Rpm, parti majoritaire à l’hémicycle. Il s’agit de l’Adéma-Pasj, dont les députés ne partagent visiblement pas le même avis que leurs camarades du gouvernement sur la question. Par conséquent, à l’issue d’un récent conclave, une nette position unanime s’est dégagée dans les rangs des parlementaires du Pasj, en défaveur d’une procédure contre ATT pour haute trahison. Rien n’a filtré du côté de l’autre entité parlementaire pro présidentielle, l’Apm en occurrence, mais on sait qu’elle est constituée de composantes qui n’ont historiquement aucun intérêt politique à s’afficher dans une position contraire.
Face au malaise ainsi latent, la famille politique du président de l’Assemblée nationale, déjà si agacée par les fuites d’informations sur le sujet et ne sachant où de la tête ne trouve pour l’heure de sortie que dans les ajournements illimités du grand débat sur une problématique de plus en plus gênante.
De sources concordantes, le parti du président de l’Assemblée nationale envisagerait même d’outrepasser le contenu du rapport en vue d’obtenir une mise en accusation directe sur la base d’une simple résolution.
Mais, le schéma ne paraît guère agréer les partenaires politiques sans lesquels la procédure ne pourra pas rafler la mise nécessaire aux besoins du dessein. Une mise en accusation requiert en effet 2/3 des 147 députés du parlement pour franchir le seuil de la Haute cour de justice installée pour la circonstance et dirigée par Abderahamane Niang. Au départ très enthousiaste sur la question, le régime d’IBK porte désormais la procédure contre ATT com- me une patate chaude, dont il ne sait que trop comment s’en débarrasser.
Abdrahmane KÉÏTA
Source: Le Temoin