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El hadji Sandy Baba Haïdara, député de Tombouctou à l’hémicycle : « Mujao, Aqmi, Ansar dine et Mnla tous ceux qui ont pris les armes contre le Mali sont à condamner et à abattre s’il le faut ».
Publié le mercredi 28 novembre 2012  |  La Dépêche




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El hadji Sandy Baba Haidara, le fils du premier Président de l’Assemblée nationale du Mali indépendant, est très en colère contre la France pour avoir reçu le Mnla au Quai d’Orsay en milieu de semaine dernière. Mais aussi, dans cette interview qu’il nous a accordée, le député Um-Rda élu à Tombouctou est convaincu que l’option du dialogue est une perte de temps, et que la tenue des concertations nationales est un danger pour le Mali.
Le Dépêche : Une délégation du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla), conduite par son Secrétaire général, Bilal Ag Achérif a été reçue, en milieu de semaine dernière, au Ministère des Affaires étrangères français. En tant qu’élu du nord du Mali, quelle est votre réaction ?

El hadji Sandy Baba Haidara : L’accueil réservé au Mnla à Paris est une chose que nous condamnons avec la dernière rigueur ! Parce que les Touaregs qui ont été reçus à Paris sont ceux-là mêmes qui ont annoncé l’indépendance d’une partie du Mali, que la communauté internationale et la France ont toutes condamné avec fermeté. Nous ne pouvons pas comprendre que cette même France reçoive ces mêmes gens. Mais ayant eu un certain nombre d’informations capitales qui prouvent ceux qui les ont introduits au Quai d’Orsay (siège du Ministère français des Affaires Etrangères, ndlr) nous ne sommes pas surpris et nous pensons qu’ils n’auront pas gain de cause.

Avez-vous connaissance du contenu du document remis, vendredi dernier, par Djibril Bassolé au Président de la république ?

Non, nous n’avons pas encore connaissance du contenu de ce document. Mais à notre avis, nous pensons que le Burkina Faso est en train de commettre des erreurs en cherchant à trouver une voie de dialogue sans tenir compte de l’avis des autres communautés maliennes, particulièrement celles du nord. Nous pensons qu’avant d’engager des pourparlers avec ces envahisseurs du Mnla et d’Ançar Eddine, il fallait chercher à savoir, au-delà de l’indépendance et de la laïcité qui ne sont pas négociables, ce que le Mali serait prêt à négocier. Parce qu’on ne peut pas nous dire qu’ils n’ont pas donné ou bien promis quelque chose à ces gens afin qu’ils changent de position. De quoi s’agit-il ? Et qui va l’accepter ?

Nous qui sommes la communauté majoritaire du Nord, nous devions être consultés sur la question parce que c’est nous qui vivons et vivrons avec eux demain et nous les connaissons assez. Nous n’accepterons plus la prime à la rébellion, nous n’accepterons plus que ceux qui ont pris les armes contre le Mali ne soient pas sanctionnés. Nous n’accepterons plus qu’ils soient mis au devant de la scène et qu’ils reçoivent des honneurs. Que les fautifs soient sanctionnés, conformément à la loi !

Un journal anglais révèle que la Cedeao serait «prête à accorder l’autonomie du nord du Mali aux Touaregs». Quel est votre commentaire ?

Si c’est un journal qui l’a dit tant pis ! Le territoire (du nord du Mali) c’est avant tout pour nous, les Maliens. Et nous qui sommes majoritaires, nous n’avons jamais demandé d’autonomie. Par conséquent nous, communautés majoritaires du nord du Mali, nous restons unis derrière notre pays le Mali et il n’est pas question de donner l’autonomie à qui que ce soit au nord du Mali.

«Nous sommes contre la négociation avec le Mnla et Ançar Eddine qui nous ont fait subir tout ce que nous sommes en train de vivre aujourd’hui»

Aujourd’hui de plus en plus des voix s’élèvent pour un dialogue avec le Mujao (mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’ouest) plutôt qu’avec le Mnla et Ançar Eddine, estimant qu’il y a là aussi des Maliens… Etes-vous du même avis ?

Une autre incohérence. Est-ce-que le Mujao est plus nationaliste ou plus malien qu’Ançar Eddine ? C’est vrai qu’Ançar Eddine est dirigé par Iyad Ag Ghaly et compte dans ses rangs quelques Maliens… Mais le Mujao est aussi constitué d’arabes maliens qu’on traite d’étrangers. Et entre ces deux groupes lequel est plus malien que l’autre ? C’est de la poudre aux yeux et nous avons compris leur jeu. Mettre ensemble Ançar Eddine et Mnla alors que ce sont eux qui sont à la base de tous les problèmes que le Mali connait aujourd’hui. Maintenant que la communauté internationale veut intervenir, on nous divise et on divise nos adversaires. Pour la communauté internationale il y a d’un côté ceux qui peuvent être des Maliens, c’est-à-dire fréquentables (Ançar Eddine, Mnla) et de l’autre côté ceux qui sont contre la communauté internationale (Mujao, Aqmi), mais pour nous, ils sont tous pareils.

Nous sommes contre la négociation avec le Mnla et Ançar Eddine qui nous ont fait subir tout ce que nous sommes en train de vivre aujourd’hui. Le premier coupable c’est le Mnla, qu’on a prévenu en novembre 2011 et auquel nous avions dit : « ne le faites pas ! Ne le faites pas ! ». J’étais le président de la délégation de l’Assemblée Nationale qui les a rencontrés afin de les amener à la raison. Et aujourd’hui, on veut qu’on négocie avec ces mêmes personnes. Vous pensez qu’Iyad est crédible après tout ce que le Mali a fait pour lui par le passé ? C’est une utopie de penser qu’on peut séparer Iyad des autres membres d’Ançar Eddine qui ne sont pas Maliens et d’Aqmi ! Mais pensez-vous que ces gens vont accepter ça, d’autant plus que ce sont eux qui ont fait d’Iyad ce qu’il est aujourd’hui ? Mais non ! Soyons sérieux !

Mujao, Aqmi, Ansar dine et Mnla tous ceux qui ont pris les armes contre le Mali sont à condamner et à abattre s’il le faut.

Nous ne serons pas d’accord avec l’impunité. Ceux qui ont fauté doivent payer. On ne négociera que lorsqu’on sera en position de forces. Maintenant que la communauté internationale se mobilise et que l’intervention militaire se précise, ils sont paniqués, ils vont au Burkina, à Paris, «on ne veut appliquer la charia seulement qu’à Kidal», «autodétermination». Est-ce-que Kidal leur appartient ? Kidal n’est pas pour eux et il faut qu’ils le comprennent. C’est de l’utopie. Impunité zéro ! Plus de militaires enrôlés dans l’armée qui vont nous trahir après. Tant que les accords se feront sans nous, ça ne marchera pas.



«On a déjà commencé à nous appeler Mali du Sud, Mali du Nord»



L’envoyé spécial de l’Onu pour le Sahel, Romano Prodi, a annoncé en début de semaine dernière, que l’intervention militaire au nord ne serait pas possible avant septembre 2013….

Romano Prodi est un diplomate. Qu’il reste dans son bureau. Sa déclaration a surpris tout le monde d’autant plus que la Cedeao nous a fait savoir qu’elle était prête depuis 5 mois. Ce qui veut dire que c’est les moyens qui manquent. Si Romano Prodi pense que nos populations doivent continuer à souffrir encore un an de plus, nous serons sur le terrain avant la communauté internationale.

D’aucuns craignent aujourd’hui que le cas soudanais se reproduise avec le Mali. Car, les deux hommes qui ont supervisé l’accession du Soudan du Sud à l’indépendance, Paul Bouyoya et Djibril Bassolé sont encore là… Avez-vous confiance en eux ?

Il faut que nous soyons vigilants. Parce que l’équation du Soudan se pose au Mali. On a déjà commencé à nous appeler Mali du Sud, Mali du Nord. Or, on sait que dans une partie du Mali il y a des richesses souterraines et il serait facile d’utiliser la minorité touarègue contre les autres comme le cas du Soudan où on a opposé les religions. Et dans le cas du Mali, on va opposer la minorité blanche contre la majorité noire. Ce qu’il faut éviter.

Le pays va mal et même très mal. Les concertations nationales devraient être un créneau pour parler de solutions à envisager. Mais ces assises ont été reportées à une date ultérieure, qu’en dites-vous ?

Concertations nationales ! Concertation aventurières ! C’est une aventure dans laquelle on veut nous embarquer. Je suis un élu, mon mandat a été légitimé et il est en cours. Nous avons un Président de la République, nous avons un Premier ministre avec un gouvernement ouvert aux partis politiques, une Assemblée Nationale et une constitution qui valide ou invalide tout ce qui a trait à la vie de la Nation. J’ai vu le contenu des concertations nationales et les objectifs spécifiques ont tous leurs réponses dans la constitution. Et les autres points qui n’ont pas leurs réponses dans celle-ci (la Constitution) qu’est ce qui empêche le gouvernement d’introduire un projet de loi pour que l’Assemblée Nationale le vote afin qu’on puisse aller plus vite. Ces concertations nationales vont nous mettre davantage en retard, je crois d’ailleurs que c’est plutôt un danger pour le Mali et nous ne sommes pas d’accord et nous n’y prendrons pas part.

Propos recueillis par Amadou Salif Guindo et Lassina Niangaly


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