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Chronique: L’embrasement en attendant le 15 mai
Publié le mercredi 6 mai 2015  |  Le Matin




Les réponses aux questions des Maliens, celles concernant notamment la stabilisation du pays et le retour de Kidal au sein de la République trouveront-elles leurs réponses aussitôt après la signature de l’Accord d’Alger, prévu officiellement pour le 15 mai prochain ? Rien n’est moins sûr.
La fixation du gouvernement sur la signature de cet accord, le 15 mai, est symptomatique du ras-le-bol de Bamako. En dépit des contingences vécues actuellement sur le front du nord, le gouvernement ne veut plus attendre.
Avec le soutien au gouvernement de Bamako, du bout des lèvres, de la communauté internationale, le 15 mai risque fort d’être une date sacrée dans les annales de l’histoire du Mali contemporain vu la propension des Maliens à accorder des valeurs symboliques très fortes à certaines dates.
En revanche, la résurgence des velléités sécessionnistes de certains groupes armés est de nature à saper les efforts des autorités de Bamako et des Maliens du nord qui n’ont de cesse de résister aux tentacules islamico-touareg. La prise récente de certaines localités par des groupes armés devant l’inoffensive armée malienne, castrée à souhait, ne rassure pas, in fine. Même s’il existe encore des raisons d’espérer, demain n’est pas la veille de la fin de la récurrente insécurité qui sévit dans la partie septentrionale du Mali.
Avec le jeu pas très clair de la France et de son allié, la Minusma, le retour de Kidal dans la République n’est plus à porter de main. La complaisance de cette même armée française déployée au Mali, vis-à-vis d’Iyad Ag Ghaly, manifeste implicitement une réalité qui crève les yeux par rapport au jeu trouble de la France.
Il est vrai que les autres ne sont pas censés faire la guerre à la place de l’armée malienne sur son propre territoire, mais que dire de l’empêchement fait par les forces françaises à l’armée malienne de retourner dans l’Adrar des Ifogas.
Alimenté par des médias inféodés au pouvoir français, le conflit malien est rentré dans sa phase la plus difficile ; celle de la signature de l’accord d’Alger et de son application. Comment faire revenir la paix quand des islamo-terroristes pullulent dans le nord et dans le centre du pays ? A cette équation, le gouvernement ne semble pas avoir une solution rapide et efficace. Ce faisant, on continue à faire semblant et à confier le sort du Mali au hasard comme toujours. Comme si tout ce qui s’était passé ne nous servait pas de leçon. Or, c’est la mollesse de l’Etat du Mali qui a plongé le pays dans ce conflit qui étale ses faiblesses. Et le constat saute à l’œil nu, on veut avoir une solution mais on ne fait rien de concret pour l’avoir.
L’évidence est que le président de la République, le Mali et son Etat sont pris en otage par ce qu’on appelle la « communauté internationale » qui cherche manifestement par des astuces à étendre ce conflit dans le temps et dans l’espace pour des intérêts inavoués.
Et quand on sait que les « petits pays » comme le Mali n’ont pas voix au chapitre dans la définition géopolitique des puissances et des forces occultes qui les accompagnent, on imagine à quel point cela peut nous coûter cher. Toutefois, le Mali ne pourrait-il pas se faire respecter, au moins ? Rien n’est moins sûr. Avec un Etat qui a failli, une armée castrée et une société civile qui ne pense qu’à son tube digestif, pourrions-nous continuer à espérer ?
La politique de l’autruche face aux problèmes qui assaillent le gouvernement va-t-elle continuer aujourd’hui, encore que nous sommes à découvert ? Autant d’équations à plusieurs inconnus posées et dont les bouts de bois de Dieu maliens attendent encore et toujours des solutions. Mais en .
Le gouvernement rassure tout de même en ces termes : la signature prochaine de l’Accord d’Alger serait une sorte de panacée ou de préalable à la reprise. Nous osons le croire; mais attendons de voir d’abord.

Alhassane H. Maïga
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