L’ex Premier ministre, Moussa Mara n’a pas du tout apprécié l’absence de l’opposition républicaine à la cérémonie de lancement de son Centre d’Etudes et de Réflexion au Mali (CERM) organisée le 2 mai 2015 à l’hôtel Radisson Blu. Et pour réagir face à cette absence des partis de l’opposition, il leur a presque fait un procès.
En rencontrant la presse, en marge du lancement, Mara s’est dit surpris de l’absence de l’opposition au lancement d’un centre d’intérêt national et purement apolitique. Cependant, en tenant ce langage, l’Ex Premier ministre a passé sous silence les réponses de l’opposition à son invitation. L’opposition, à travers le parti du bélier blanc, avait posé des préalables pour venir honorer cette invitation de l’ancien PM. Ces questions consignées dans une lettre le 29 avril 2015 évoquent les liens entre Moussa Mara et les putschistes, sa visite à Kidal le 17 mai, ses relations avec la mafia dans l’affaire avion présidentiel.
En effet au cours de sa rencontre « forcée » avec les journalistes, le 2 mai 2015 à l’hôtel Radisson Blu, lors de la cérémonie d’ouverture des travaux de son colloque, l’ex Premier ministre était visiblement marqué et abattu par l’absence des partis politiques de l’opposition comme si leur refus de participer à l’activité ôtait toute sa quintessence à l’affaire.
La rencontre avec les journalistes a tout abordé sauf l’essentiel, car il avait la réponse, et savait la raison de l’absence du Parena qui lui avait adressé une lettre, le 29 avril 2015, par son Président, en la personne de Tièbilé Dramé.
Tièbilé Dramé demandait dans cette lettre à l’Ex Premier ministre de l’aider à prendre la décision de participer à sa réunion en l’éclairant sur les questions suivantes: « vos relations avec la junte militaire du capitaine Sanogo, des premières heures du coup d’État à la fin de la transition: quel rôle avez-vous joué durant ces mois cruciaux de notre histoire nationale?
Dans une tribune publiée en décembre 2012 et intitulée: «Libération du Nord par la force: Et si on y allait seul ( ou presque)?», vous avez soutenu que notre armée pouvait, seule, libérer le Nord occupé par la coalition djihadiste. Le croyiez-vous sincèrement ou était-ce pour faire plaisir à la junte de Kati qui était opposée à toute intervention internationale? Avec le recul, avez-vous revu votre jugement? Par deux fois en mai et juin 2014, devant les députés, vous avez soutenu que le premier avion présidentiel n’avait pas de papier et que le second en avait. Avec le recul, que diriez-vous aujourd’hui?
Nommé Premier ministre en avril 2014, vous avez entrepris de vous rendre à Kidal, le 17 mai, semble t-il contre l’avis de certains de vos ministres, des services de renseignement maliens et de plusieurs partenaires internationaux dont la MINUSMA et la France. Quand vous avez quitté Kidal pour Gao, le 18 mai, vous avez laissé derrière vous des dizaines de morts dont des préfets et des sous-préfets. Rentré à Bamako, vous avez déclaré, le 19 mai, devant une réunion de leaders musulmans que votre gouvernement avait les moyens de reprendre Kidal et de le conserver.....
Puis, il y a eu le 21 mai....
Outre le sang versé, le matériel de guerre perdu, cette aventure a démoralisé l’armée d’autant qu’aucune autorité politique n’a eu le courage devant l’Histoire d’assumer la responsabilité de la défaite du 21 mai.
Les conséquences de cette guerre ont été lourdement ressenties sur le terrain (repli de l’armée et de l’administration) et pendant les pourparlers inter-maliens.
L’Accord d’Alger du 1er mars 2015 porte les stigmates des événements des 17 et 21 mai 2014.
Environ une année après, quelle évaluation faites-vous de votre responsabilité dans cette Bérézina qui a coûté tant à la Nation en termes d’honneur, de dignité et de souveraineté et qui marquera d’une empreinte indélébile l’avenir du pays? ».
C’était là les questions posées par le Président du Parena à Moussa Mara qui sont restées sans réponses. Pourquoi Mara n’a-t-il pas répondu à ces questions du Parena ? Tenait-il vraiment à la présence du Parena à cette cérémonie ? Pourquoi ne s’est-il pas défendu face ces interrogations? Pourquoi a-t-il caché la vérité aux journalistes sur l’absence du Parena ?
Une chose est sûre son silence indique que l’Ex Premier ministre veut, seulement, se faire, aujourd’hui, une bonne conscience, après avoir été à la base et au sommet de la crise sécuritaire qui coupe, aujourd’hui, le sommeil à tous les Maliens. Dans sa tentative à rendre amnésique l’opinion nationale et internationale de ses bourdes sanguinaires, il va jusqu’à demander le soutien des partis politiques de l’opposition qu’il invite à participer au colloque sur la mise en œuvre de l’Accord de partition du Mali du 1er mars 2015 à Alger qui ne porte que les stigmates de sa guerre du 21 mai 2014 à Kidal. Un accord avec lequel l’opposition du reste n’est pas d’accord !
Youssouf Z KEITA