Kurunziza réaffirme ce que nous savons tous : il est candidat à sa succession et rien n’y fera. Rien sauf une violence qui brûle son pays et l’extrait de sa tour d’ivoire. Auquel cas le syndicat muet des présidents du continent s’empresseront de suspendre le Burundi jusqu’au retour de l’ordre constitutionnel. C’est cela l’Union africaine et on l’a vu à son communiqué modèle de langue de bois et chef d’œuvre d’esquive publié sur la situation à la fin avril. Comme si Addis-Abeba n’est pas convaincu que le président Burundi n’est frappé ni par la constitution de son pays ni par les accords d’Arusha. Une telle possibilité peut exister mais dans ce cas l’avis de l’organisation continentale aurait dû être entendu à la place de celui de Washington. Revenons cependant à Kurunziza. La vraie question le concernant est moins la lettre de la constitution que l’esprit de la démocratie. Celle plus que fragile de son pays. Celle que la communauté internationale, avec un trésor d’énergie et de solidarité, a cherché à promouvoir à travers le processus d’Arusha. Cet esprit est bien celui de l’alternance et Kurunziza aurait pu avoir l’élégance de s’incliner, par amour pour son pays, pour sa région et pour l’Histoire. Tout le monde hélas n’a pas le sens historique de Mandela ou la grande classe de Senghor. Le président burundais joue double. Pour lui d’abord et il est vrai que sa gouvernance de la canonnière peut avoir raison de la rue. Mais il joue aussi pour ses pairs de la sous-région dont au moins trois sont tentés de s’accrocher au pouvoir.
Adam Thiam