NEW YORK (Nations unies), Le secrétaire général de l`ONU Ban Ki-moon a mis en garde mercredi contre les risques d`une intervention militaire au Nord-Mali, tout en relevant que "la force militaire sera sans doute nécessaire à un moment donné", dans un rapport adressé au Conseil de sécurité.
"Je suis tout à fait conscient que si une intervention militaire dans le Nord n`est pas bien conçue et exécutée, elle pourrait aggraver une situation humanitaire dejà extrêmement fragile et entraîner aussi de graves violations des droits de l`Homme", écrit M. Ban.
"Elle pourrait aussi risquer de ruiner toute chance d`une solution politique négociée à cette crise, qui reste le meilleur espoir d`assurer la stabilité à long terme au Mali", ajoute-t-il.
Tout en estimant qu`une opération armée internationale pour chasser les islamistes qui contrôlent le Nord-Mali "sera sans doute nécessaire en dernier recours contre les plus extrémistes" d`entre eux, M. Ban souligne que "des questions fondamentales (..) restent en suspens". Elles concernent "la manière dont la force sera dirigée, entretenue, entraînée, équipée et financée".
Mais avant toute opération militaire "l`accent doit être mis sur un dialogue politique", en particulier avec les touaregs du Nord, insiste M. Ban.
M. Ban estime que les plans pour mettre sur pied la force internationale ainsi que pour renforcer les forces armées maliennes "doivent être précisés davantage".
Le 11 novembre, la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao) a approuvé l`envoi dans le nord du Mali, contrôlé par des groupes islamistes armés, d`une force militaire de 3.300 hommes soutenue sur le plan logistique par des pays occidentaux.
Le Conseil de sécurité de l`ONU doit se prononcer en décembre sur cette intervention, en se fondant notamment sur le rapport de M. Ban. Des détails sur les préparatifs et le schéma opérationnel de cette force ont été transmis au Conseil.
"Si la force militaire sera sans doute nécessaire à un moment donné, en dernier recours, pour débarrasser le nord du Mali d`Al-Qaïda et de ses alliés, il est extrêmement important que tout soit fait pour minimiser ses éventuelles conséquences humanitaires et sur les droits de l`homme", affirme M. Ban, qui recommande de tenir compte de ces risques "dès la planification" de la force.
En particulier, s`il donne son feu vert à cette force, le Conseil devra chercher à "s`assurer que les forces maliennes et africaines impliquées dans toute offensive militaire dans le nord soient tenues pour responsables de leurs actes" et qu`elles respectent les lois humanitaires internationales.
M. Ban recommande à cet effet de déployer "un nombre suffisant d`observateurs des Nations unies" et de renforcer dès maintenant "la présence politique de l`ONU" au Mali.
Le 20 novembre, l`envoyé spécial de l`ONU au Sahel, Romano Prodi, avait jugé que tous les experts s`accordaient pour dire qu`une action militaire dans le nord du Mali ne serait pas possible avant "septembre 2013".
"Tous les experts (politiques et militaires) sont d`accord pour dire qu`une intervention militaire ne pourrait avoir lieu qu`en septembre 2013", avait affirmé M. Prodi lors d`une conférence de presse à Rabat.
"Il faut préparer (une) action militaire pour être crédible (et) ma mission c`est de faire tout pour la paix et éviter la guerre", avait-il ajouté en plaidant pour la "recherche d`une solution politique" au "Mali et dans le Sahel".