Contrairement à ce qu’on a entretenu au niveau de l’opinion publique, c’est le régime totalitaire de l’Udpm du général Moussa Traoré qui a signé la démilitarisation du nord. Cela, à la faveur de la signature de l’accord de Tamanrasset le 6 janvier 1991.
Le régime démocratique, longtemps ayant été accusé à tort d’être à l’origine de la déchéance de l’armée malienne, notamment dans les trois régions du nord du pays, une piqûre de rappel nous permettra de situer la responsabilité ailleurs. Selon le document de l’accord de Tamanrasset, s’il y a eu démilitarisation des régions du nord du Mali, c’est plutôt les signataires dudit accord qui ont engagé le Mali dans cette voie. Notamment, le régime du Général Moussa Traoré.
Faut-il le rappeler, dans l’accord de Tamanrasset sur la cessation des hostilités, le Gouvernement de la République du Mali d’une part et le Mouvement Populaire de l’Azaouad et le Front Islamique Arabe d’autre part ont convenu ce qui suit : dans son article 1er, il a été décidé de mettre fin aux opérations militaires et à toute action armée sur l’ensemble du territoire et principalement dans les 6ème et 7ème Régions du Mali. L’article 2 précisera que les deux parties s’engagent à interdire tout recours aux actes de violences, collectifs ou individuels.
Et l’article 3 de poursuivre que les Forces combattantes du «Mouvement Populaire de l’Azaouad» et le Front Islamique Arabe existants au jour de la cessation des hostilités se stabiliseront à l’intérieur des zones correspondant à leurs lieux de cantonnement. Avant de bannir tout déplacement individuel ou collectif des membres de ces Forces en dehors de ces lieux de cantonnement avec arme.
Le hic : l’article 4, l’article de tous nos malheurs, indique : « Les Forces Armées Maliennes ne mèneront aucune activité susceptible de donner lieu à des accrochages avec les combattants. Elles procéderont à un allégement progressif de leurs dispositifs dans les 6ème et 7ème Régions». Notons qu’à la signature de ce document, Kidal n’étant pas encore érigé en Région administrative, faisait parti de la région de Gao.
S’agissant de l’article 5, il stipulait que dans le cadre du présent Accord, les Forces Armées Maliennes se désengageront de la gestion de l’Administration civile et procéderont à la suppression de certains postes militaires.
En ce qui concerne les villes (Chefs-lieux de Régions et de cercles), les casernes seront progressivement transférées vers d’autres sites plus appropriés.
L’article 6 ajoutera que les Forces Armées Maliennes éviteront les zones de pâturage et les zones à forte concentration de populations dans les 6ème et 7ème Régions. Et Les Forces Armées Maliennes se confineront dans leur rôle de défense de l’intégrité territoriale dans les frontières, précise l’article 7. Mieux, l’article 8 prévoyait que les combattants peuvent intégrer les Forces Armées Maliennes dans les conditions définies par les deux parties.
En son article 12, il était prévu la libération de tous les prisonniers, otages, ou internés civils détenus par chacune des parties dans les 30 jours qui suivent la signature dudit Accord.
Cet accord compromettant pour certains et salutaire pour d’autres a été signé à Tamanrasset le 6 janvier 1991.
Le gouvernement malien était représenté par le Colonel Ousmane Coulibaly, membre du Conseil National, Chef d’État Major Général des Armées et le Mouvement Populaire de l’Azaouad et le Front Islamique Arabe représenté par Iyad Ag Ghali Secrétaire Général du Mouvement en présence du Ministre de l’Intérieur de la République Algérienne Démocratique et Populaire. Voilà que tout est clair.
A travers cet accord, c’est le régime finissant de Moussa Traoré qui a enclenché le processus de démilitarisation des régions nord du Mali.
L’Etat étant une continuité, après la chute du régime dictatorial, les nouvelles autorités maliennes de l’ère démocratique étaient tenues d’appliquer les engagements pris par le Mali. C’est ainsi qu’interviendra l’allègement progressif du dispositif des forces armées maliennes tel que promis par le régime Traoré.
D’aucuns tenteront de prophétiser que jamais de son vivant, Moussa Traoré ne respecterait ces engagements. Si des hommes sérieux se réunissent autour d’une table de négociation, chacun se doit de respecter son contrat.
En résumé, c’est le Général Moussa Traoré qui a engagé le Mali dans la voie de la démilitarisation du nord du Mali.
Oumar KONATE