De sources bien introduites, le chérif de Nioro du Sahel, Mohamedoun Ould Cheick Hamallah Haïdara dit M’Bouillé, est très remonté contre le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, qu’il a contribué à faire élire en 2013 à Koulouba. Ce dignitaire religieux encore très influent au sein de l’opinion nationale aurait récemment envoyé un émissaire à Koulouba pour exprimer sa déception au locataire du palais.
IBK et le CHERIF DE NIORO
Le Président IBK et le Chérif de Nioro
Si le spirituel influence souvent le temporel, le religieux devrait normalement être bien séparé du politique. Hélas, bien de leaders religieux se trouvent des talents d’acteurs politiques pouvant s’immiscer dans le débat politique.
Au Mali, c’est un secret de polichinelle que lors des joutes électorales de 2013, certains dignitaires religieux ont quasiment donné des consignes de vote en faveur des candidats tant à la présidentielle qu’aux législatives. Ainsi, le candidat Ibrahim Boubacar Kéita a abondamment bénéficié du soutien de leaders religieux musulmans comme le chérif de Nioro qui, selon certaines sources, ne s’en cache pas. Il aurait régulièrement revendiqué devant certains de ses interlocuteurs avoir joué un rôle décisif dans la victoire d’IBK à cette élection. Faut-il rappeler qu’il avait été considéré comme proche des putschistes de la bande au capitaine-général Amadou Haya Sanogo qui avaient, eux aussi, fait des pieds et des mains pour que le candidat de l’alliance » Le Mali d’abord » soit élu à la tête du pays?
Or, nul ne pouvait se douter des retombées ou, du moins, du droit de regard auquel le guide religieux de Nioro allait s’attendre de la part du pouvoir. Les difficultés naîtront des pôles d’influences qui pointeraient dans la gestion du pouvoir. C’est ainsi que le limogeage de certains hauts cadres proches du chérif poseront problème à la gouvernance IBK. Surtout si le chef de l’Etat se sent comme impuissant face aux intérêts en jeu.
C’est ce qui s’est passé avec le récent changement manigancé par le ministre Mamadou Igor Diarra en défaveur de l’ex-PDG de la BDM-SA, Abdoulaye Daffé, remercié avec une ingratitude qui frise le complot. Il se trouve que cet excellent cadre qui a fait rayonner la première banque du Mali est un très proche du leader religieux de Nioro du Sahel.
L’autre offense que le pouvoir IBK a faite à M’Bouillé est le limogeage du trésorier général payeur, connu sous le surnom Ben, réputé très proche du leader religieux. Toute chose considérée par Nioro comme un crime de lèse-majesté.
A cela s’ajoute la tentative suivie d’une marche-arrière (la décision ayant été prise avant d’être annulée) des responsables du RPM de débarquer le Secrétaire général de l’Assemblée nationale, Dr Madou Diallo, dont le grand-frère de lait n’est autre que le ministre des Affaires religieuses et du Culte, Thierno Hasse Diallo, réputé aussi très proche du Guide religieux niorois.
Tous ces faits et d’autres ont conduit ce leader religieux, selon nos sources, à prendre la décision de tourner le dos à IBK. La question se pose alors de savoir si cette personnalité du monde religieux perd ainsi son emprise sur la gestion des affaires publiques au Mali. C’est l’avenir qui le dira.
Rappelons que M’Bouillé a, depuis longtemps, été très influent dans la gestion des affaires publiques au Mali. Au point que sous ATT, lorsque tous les Directeurs administratifs et financiers (DAF) avaient été relevés en 2011, un seul, prénommé Ayouba, avait échappé. L’intouchable avait poussé des racines au ministère de l’Education, résistant à tous les remaniements ministériels, aucun des différents ministres n’osant le changer.
Bruno D SEGEBDJI