Le Mali et la communauté internationale ont les yeux rivés sur le 15 mai 2015. Tous nourrissent l’espoir de voir enfin aboutir les mois d’efforts fournis depuis les accords de Ouagadougou, par la signature de la paix au Mali.
Depuis le refus de la Coordination des mouvements de l’Azawad de parapher les accords d’Alger, toutes les parties impliquées dans la gestion de la crise du Mali sont à pied d’œuvre. De Kidal, à Alger en passant par Bamako et New York, la diplomatie internationale et particulièrement la médiation dans la crise malienne multiplie les contacts pour que la date du 15 mai soit tenue.
Cependant les récents affrontements entre le GATIA et le MNLA et qui ont abouti à la reprise de Ménaka, ont été suivis d’attaques tous azimuts dans tout le nord, attaques attribuées au CMA. En attaquant les positions de l’armée malienne, la CMA veut transformer un conflit entre mouvements armés en crise avec l’Etat malien dont elle sait qu’il est tenu par l’accord de cessez-le-feu. Parce qu’elle est incapable de vaincre le GATIA et surtout de reprendre une position stratégique perdue à Ménaka, la CMA voudrait tenir le Mali responsable de sa déconfiture.
L’objectif est simple : il s’agit d’un chantage pour faire planer le doute sur la signature de la paix le 15 mai prochain à Bamako.
La CMA n’a jamais caché sa mauvaise foi dans la résolution du conflit dès l’instant où elle n’a pas pu faire passer ses grandes revendications sur l’indépendance, la fédération et une large autonomie de Kidal. On ne peut s’empêcher de penser que la communauté internationale a trop ménagé la CMA là où le gouvernement du Mali a fait d’énormes sacrifices.
C’est pourquoi il faut aller au-delà des langages diplomatiques de convenances et exiger la signature de l’accord de paix de Bamako.
Car la crise malienne a une dimension sous régionale et même internationale du fait de l’implication sous-jacente des terroristes qui profitent largement des zones de non-droit et de l’instabilité dans le nord pour s’organiser et menacer la paix par des actes terroristes qui dépassent les frontières maliennes.
Ce qu’il faut éviter, c’est une paix tronquée.
Le ministre malien des affaires étrangères, Abdoulaye DIOP a laissé entendre que la signature de paix aura lieu avec ou sans la CMA. Il a été dit que la CMA pourrait différer la signature des accords et le faire ultérieurement. Si cela arrivait, personne ne pourrait imaginer l’imbroglio dans lequel on s’empêtrerait car ce serait l’occasion pour la CMA de mettre indéfiniment en avant ses revendications sur la reconnaissance de l’Azawad en tant qu’entité politique et géographique.
Si les conditions ne sont pas réunies pour signer la paix le 15 mai à Bamako, il faut avoir le courage de reporter la cérémonie à une date ultérieure. La situation est suffisamment grave et confuse pour en rajouter.
Il ne faut pas faire de fétichisme sur le 15 mai 2015. Si cette date était maintenue, et tout laisse à penser qu’elle le sera, il y va de la crédibilité de la communauté internationale pour que toutes les parties concernées apposent leur signature sur le document de paix. Les Maliens ont fait trop de sacrifices pour s’entendre dire que la CMA ne serait pas à Bamako le 15 mai. Si cela arrivait, il pourrait être ressenti comme une préférence de la communauté internationale pour les rebelles touareg.
Cette communauté a les moyens, si elle le veut réellement, pour que la paix soit signée à la date prévue à Bamako.
Les récents affrontements dans le pays, s’ils sont regrettables, ne constituent en rien une raison de remettre en cause ce que des mois de négociations ont consacré. Si le 15 mai venait à échouer cela donnerait de la force à tous les nombreux Maliens qui sont convaincus, à tort ou à raison, que leur pays est traité de façon injuste depuis le début de la crise. C’est ce genre de sentiment qui pourrait être le nid de tous les extrémismes.
A une semaine de la date fatidique ce n’est pas la grande certitude au sein de la population malienne. Aucune voix autorisée ne s’aventure à affirmer que la paix sera signée le 15 mai, par toutes les parties.
Ousmane THIÉNY KONATÉ