Du 27 avril au 7 mai 2015, l’armée malienne a fait preuve d’une grande responsabilité, de professionnalisme et de pragmatisme dans les différents combats qui l’ont opposée aux bandits armés, narco-trafiquants et autres ennemis de la paix. De Goundan à Teninkou, en passant par Bintagoungou, Diré, les Fama ont su apporter la réponse nécessaire aux bandits. À travers leur force de frappe.
Le dernier affrontement à Teninkou est révélateur. On parle de 10 morts du côté des assaillants et de plusieurs matériels de guerre saisis. Après avoir senti qu’ils ont perdu beaucoup d’hommes, les hommes de la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma), toujours prompts à communiquer, ont lancé ce message aux journalistes : «Alerte, la Minusma a déployé ses avions au-dessus de la zone des opérations en cours sur Teninkou, pour faire pression sur les troupes de la CMA. Attention au remake de Tabankort. Pourquoi la Minusma n’a pas déployé ses avions sur Ménaka lors de l’attaque de Ménaka par les milices et les soudards de l’armée malienne ? Azawadiens, vous êtes vos seuls alliés !!! Si ces avions s’attaquent aux forces de la CMA, la Minusma devra désormais être traitée comme un ennemi !!!».
En réalité, ce sont les militaires maliens dans la zone de Teninkou qui les ont attaqués par derrière, en leur ouvrant l’entrée de la ville. Très surpris, les hommes de la Cma ont cru être arrosés par une pluie de balles tirées à partir d’un avion militaire. En fait, les balles provenaient des fusils des militaires maliens. Les rescapés des combattants de la Cma, qui avaient pris l’engagement de revenir, ont dû de se replier quand ils se sont aperçus que les Fama en avaient fini avec leurs renforts.
Sinon, dans son projet initial, la Cma avait voulu prendre Léré, Teninkou et Diré. C’était sans compter sur la détermination des militaires maliens qui ont donné la réponse nécessaire. Aujourd’hui, la peur a changé de camp. Mais les militaires maliens demeurent vigilants. Car ils connaissent leurs adversaires maintenant.
Mésententes, colère et altercation.
Bilal Ag Chérif avait demandé à ses camarades de signer l’accord d’Alger 2015. Il a été mis en minorité par les membres de son bureau. Avec la prise de Ménaka, les tensions au niveau de leurs combattants à Kidal, le temps semble lui donner raison. Aujourd’hui les lignes bougent. Certains bandits armés ont peur des menaces de la communauté internationale. Ils parlent d’aller signer. «La CMA va signer mais elle ne pourra pas honorer ses engagements. Il y a une rupture entre les combattants et les dirigeants. Ils vont signer et rester à Bamako ou aller se réfugier dans le système des Nations unies, comme Zahabi, après sa signature du pacte», nous a confié un membre radical du Mnla, basé à Nouakchott.
En tout cas, les radicaux comme Nina Walet, Mohamed Ag Najim, les deux Moussa Ag Attayer et Moussa Ag Assarid, Zakiatou Walet campent sur leurs positions. Ils se refusent à signer l’accord d’Alger 2015. Selon eux, le Hcua restera dans la quadrature du cercle si ses membres acceptaient le leadership du Mali dans l’Adrar des Ifoghas. Il faut rappeler que certains membres du Hcua exigent la cessation de toutes poursuites contre Iyad Ag Ghali.
Avec la réunion de Nouakchott, il y a eu une vive tension sur le terrain, en l’occurrence à Kidal. Cheickh Haoussa, le commandant des militaires du Hcua, et Mohamed AG Najim ne s’entendent plus. Autant dire qu’il y a bisbille entre la branche politique et celle militaire. Le mercredi 6 mai 2015, à Kidal, il y a eu une altercation verbale violente entre Cheikh Ag Aoussa (Hcua) et Mohamed Ag Najim (Mnla).
Sans la présence d’autres personnes, ils en seraient arrivés aux mains. Cette dispute intervenait à la suite de la campagne d’attaques que le Mnla a décidé de mener (sans concertation) dans le centre du pays (Goundam, Bintagoungou, Teninkou) et à la débâcle de Ménaka. Le Hcua reproche au Mnla son amateurisme suicidaire dans le regain de la violence. Ce qui paraît lisible entre les lignes, c’est l’existence de deux tendances. Le Hcua est acquis à l’Algérie alors que le Mnla semble lorgner du côté du Maroc.
Kassim TRAORE