Dans le cadre du renouveau de notre justice, les autorités de la transition viennent de décider d’exhumer tous les dossiers mafieux enterrés par les canaux politiques et familiaux sous le règne d’ATT. Parmi ces cas tristement célèbres, nous avons celui du Projet d’Aménagement du Périmètre Irrigué de Manincoura, appelé PAPIM. Depuis sa création en Août 2001, les responsables de cette structure du ministère de l’Agriculture, se sont distingués par l’instauration d’une mafia sans rival.
Financé par la Banque Africaine de Développement et l’Etat malien, le Projet d’Aménagement du Périmètre Irrigué de Manincoura (PAPIM), est un projet doté d’une autonomie de gestion administrative et financière, géré par l’Unité de Gestion du Projet (UGP). L’objectif de cet important projet relevant du ministère de l’agriculture, est l’aménagement de la plaine de Manincoura par la valorisation des ressources en eau du Sankarani (affluent du fleuve Niger). Avec plus de 1094 hectares de périmètre irrigué, Manincoura devrait donc contribuer à augmenter la production rizicole.
Malgré la noblesse de ses objectifs dans le cadre de l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, les responsables ont décidé d’en faire une affaire personnelle. Aidés par l’impunité instaurée sous ATT, ils n’ont pas lésiné sur les moyens pour rafler à la pelleteuse l’argent destiné au bon fonctionnement du projet.
L’ allergie face aux principes comptables
Cela s’est traduit par le fait que d’un exercice à l’autre, le même type de dépenses a été enregistré dans des comptes différents. Ainsi, en 2008, des frais de réparation de véhicules de 6,8 millions FCFA ont été enregistrés à tort dans des comptes d’achats de petits matériels.
Spécialité : Achats non justifiés !
Pour justifier des sorties de caisses, le PAPIM a produit des factures non appuyées par des fiches d’expression de besoins. L’UGP a aussi établi des chèques au nom de diverses personnes, dont ses propres employés. Ainsi, le planton a encaissé 194 chèques, totalisant 218 millions de FCFA. Sur ce montant, 171,99 millions de FCFA l’ont été au nom d’autres personnes.
De même, il a encaissé pour 46 millions de FCFA des chèques émis à son ordre, en sa qualité de fournisseur, enregistré comme tel auprès de l’Administration fiscale. Le PAPIM a établi, pour 3,06 millions de FCFA, trois chèques en blanc qui ont été, par la suite, libellés à l’ordre d’un de ses employés. Il a également décaissé 308,13 millions de FCFA pour l’entretien des logements et bureaux sans pièces justificatives valables.
En 2009, le coût d’entretien de trois véhicules fonctionnels a dépassé 39 millions de FCFA, soit plus de 13 millions de FCFA par véhicule.
En plus de ces cas, beaucoup d’irrégularités ont été constatées au niveau de l’attribution de certains marchés. Pour des raisons inavouées, le PAPIM a dénaturé les résultats de l’évaluation des offres reçues pour la construction du CSCOM de Manincoura. Malgré le fait que l’offre du moins disant était de 36 millions 225 482 FCFA, il a attribué le marché à une entreprise dont l’offre était de 36 millions 412 458 FCFA. Pour le classement des soumissionnaires, la commission d’évaluation des offres a plutôt retenu 36 millions 142 458 FCFA pour cette entreprise, devenue du coup le moins disant. Pourtant, le marché a été signé pour 36 412 458 FCFA, intégralement versé à l’entreprise.
Sans vouloir être exhaustives, nous allons revenir sur les autres dérives mafieux de l’Unité de Gestion du Projet de Manincoura et celles de l’Office de Développement Rural de Sélingué (ODRS) dans nos prochaines parutions. En attendant, il revient à la justice qui s’est située dans une nouvelle dynamique depuis l’arrivée de Malick Coulibaly de se saisir d’un tel dossier scandaleux.