Après plusieurs mois d’intenses négociations entre l’Etat malien et les groupes armés, la signature de l’Accord d’Alger a été fixée au 15 mai, ici, à Bamako. Un accord devenu le désaccord d’une part entre l’Etat et les rebelles séparatistes de la CMA et d’autre part entre l’Etat et une frange importante des Maliens.
Parmi les voix les plus dissonantes, celle de la Nouvelle Jeunesse Africaine (NJA). Nous vous proposons ici la réaction de son président, Ousmane Mohamed Touré, sur cet accord controversé.
L’Enquêteur : Quel regard portez-vous sur les accords d’Alger?
Ousmane Mohamed Touré : Nelson Mandela disait : « des gens courageux ne craignent pas le pardon, au nom de la paix. » Nous, nous disons qu’il ne faut pas tout faire pour avoir la paix. Par contre, il faut avoir la paix pour tout faire. Ces accords pourraient être de bons accords s’ils n’étaient pas imposés à notre peuple. Il est évident que notre gouvernement n’a pas été à la hauteur. Sinon, comment comprendre que même pas une seule fois le gouvernement malien n’a cherché à discuter en tête à tête avec les parties adverses. Un Etat, c’est des stratégies et comme le dirait l’autre, « les pays n’ont pas d’amis ; ils n’ont que des intérêts ». J’aurais été un dirigeant malien, je ferais tout pour rencontrer, à Alger, les responsables des mouvements armés et leur cracher la vérité, leur rappelant que, si ce n’est pas la débonnaireté de la communauté internationale (dans un article je disais ‘’Wallah’’ le Mali est trahi par la communauté internationale et les incrédules m’ont taxé d’extrémiste, je racontais ce qu’Abdoulaye Bathily, ancien N°2 de la Minusma, avait dit aux rebelles). Je vous le jure, lors de la rencontre de la Minusma et des groupes armés à Bamako, un jeune curieux de la NJA (Nouvelle Jeunesse Africaine) a vu et entendu ceci: Ambery Ag Rhissa, idéologue du Mnla, voulant quitter la salle de réunion entre les groupes armés au CICB, a été supplié par M. Bathily de la Minusma de rester pour assister aux travaux, afin de ne pas laisser la paternité aux Maliens, le hic ce n’est pas de dire de rester mais de laisser la paternité aux Maliens, en son temps nous l’avions dit, personne ne nous a écoutés. Chacun fera son jugement, même les lecteurs aberrants ! La seule limite à notre épanouissement de demain sera nos doutes d’aujourd’hui. C’est pour cela que nous devons nous poser des questions sur la façon éhontée d’amadouer un groupuscule malfaiteur et contrefacteur qui ébranle tout un pays. Comment comprendre qu’un Etat entier court derrière des moins que rien qui ne représentent aucun peuple, aucune population. La communauté internationale qui est toujours « pacifique » et qui ne perd jamais son sang-froid que quand il s’agit des marches populaires et légitimes des braves populations de Gao et sur lesquelles on tire à bout portant sans vergognes ? Je disais que cette communauté est incapable de s’imposer à ces flibustiers qui se disent rebelles et qui essayent de pester plus haut que leur cul. Je vais vous dire une seule chose clairement : malgré tout ce qui se dit, l’Algérie est un ami du Mali, ce pays a démontré et à chaque fois que cela est vital, les Algériens ont rappelé à l’ordre ces faux azawadiens quand ils insultaient nos gouvernants dans les négociations, alors que la communauté internationale a toujours été muette quand on a insulté les dirigeants maliens. Avant les négociations, l’Algérie n’avait jamais reçu même à un niveau ministériel les monarques du CMA, alors que le Maroc en la personne de Roi a reçu Bilal Ag Chérif et a même souillé la grande mosquée de son pays. Il faut clairement savoir cela, le Maroc est un pays de business donc partenaire, alors que l’Algérie pour nous est un pays frère. C’est un constat ! Il faut qu’on le sache. C’est important de faire comprendre au Président de la République et à son gouvernement somnolant que la base des rebelles est insignifiante par rapport à celle que le Mali a. Notre gouvernement ne doit pas chercher dans les cornes de l’âne, c’est clair comme de l’eau de roche. Alors, si les rebelles peuvent manipuler tout le monde avec une telle base, imaginons ce que le gouvernement pourrait faire avec la sienne. Il faut des gens qui ont la conviction et l’amour du pays. Je vous dis clairement qu’une paix feinte est plus nuisible qu’une guerre ouverte. Les récalcitrants font de la manipulation, c’est juste pour légitimer leur férocité, les sévices et les crimes de guerre qu’ils ont perpétrés. Il faut retenir avec fermeté que la réinsertion socio-économique de ces bandits en citoyens honnêtes est une injure grossière au code de la morale universelle. En dernier mot la signature à la va-vite de cet accord cabalistique imposé à nos gouvernants est l’essence même de la faiblesse de nos dirigeants.
L’Enquêteur : Ces accords sont ils bénéfiques pour notre pays ?
OMT : On dit souvent, ce n’est pas notre aptitude, mais notre attitude qui détermine notre respect. Le paraphe des accords même est un terme qui tient la confusion, le paraphe est une griffe ou même un seing, nous ne sommes pas dans les accords signés mais, je reconnais que peut-être les sociétés civiles différentes des sociétés serviles ont pu avoir le réflexe de contraindre le gouvernement à avoir cette fois-ci, une position plus ou moins approuvable sur le terme ‘’Azawad’’ dans le texte. Il ne fallait pas qu’on laisse le mot fuser de partout comme s’il s’agissait du Kaarta ou du Wassoulou… ce n’est pas la même chose. Je réitère que le mot ‘’Azawad’’ est devenu une revendication politico-territoriale, en ce sens que nous ne le reconnaissons pas. Au début de la rébellion, beaucoup de gens sont passés par-dessus, parce qu’on pensait que c’était comme le Kaarta, le Kénédougou, etc. et qu’il s’agissait de simples problèmes développements. Alors qu’il ne s’agit plus d’une question de développement, il s’agit de créer un Etat sur notre territoire et ça, il faut que les gens en prennent conscience. Donc, c’est la première fois que dans un accord, l’Etat malien prenne conscience et peut être même inconsciemment que ce mot a une sensation totalement dangereuse pour l’unité nationale et qu’il soit mis en débat devant le peuple malien qui doit trancher. Nous pensons également que c’est une avancée même si pour moi, on ne doit rien discuter avec ces gens-là. La logique formelle m’impose à dire les choses comme cela se passe. Maintenant, concernant le texte lui-même s’il ne violerait pas la Constitution, on pourrait “fourrager’’ mais toujours et seulement dans le respect de l’intégrité territoriale de notre pays. (sic) Je suppose que la constitution n’est pas concernée. Tout ce qui est dedans n’a rien à voir avec la constitution, d’ailleurs nos gouvernants ne sont pas déraisonnables pour changer la constitution pour l’accord. Tant que le peuple n’a pas voté une nouvelle constitution. La CMA joue au dilatoire et elle sait bien qu’elle ne peut pas aller plus loin. Parce qu’elle n’a aucune base légitime. Nos dirigeants doivent tirer des leçons des expériences passées. Et éviter de faire confiance aux “businessmen’’ de la communauté internationale. Le Mali survivra si seulement la jeunesse se lève, se réveille et se prépare en guetteur pour voir si réellement il n’y a pas d’autres démons derrière ce qui est paraphé comme accords. Enfin, voir si l’application de ce supposé document ne sera pas occultée et au finish dévié vers l’azawadisation d’une partie de notre patrie mère. Ces molosses du Mnla ont compris qu’en face d’eux ils ont un Etat faible. Nous sommes comme au fond d’un trou punis par les fautes de nos dirigeants, leurs incohérences, leur petitesse leur soumission aveugle, leur goût pour la facilité, leur propension à accepter la médiocrité, à tolérer le mensonge et à ne pas s’insurger contre l’injustice. Tout cela ne doit pas pour autant paralyser notre jeunesse et notre peuple. Bref, un accord avec des groupes armés, des individus sans foi, ni loi, ne saurait être avantageux pour notre pays; mais si on nous l’impose, il faut qu’on l’accepte tout en se préparant à le défaire (sic), car il faut utiliser contre le traitre sa traitrise pour le vaincre un jour.
Aliou Badara Diarra