Le Congrès de l’ADEMA est prévu pour le dimanche 24 et le lundi 25 mai 2015. Le parti le mieux implanté du pays, selon un récent rapport de la MINUSMA, va renouveler, au cours de ces assises, la direction du parti, composée de plus de 80 membres. Auparavant, les textes seront relus et amendés. La taille du Comité exécutif pourrait être réduite, nous a-t-on dit.
En attendant, les uns et les autres se positionnent pour briguer la présidence du parti. Les réunions préparatoires se multiplient, les accusations, les attaques et même les insultes entres camarades prennent le pas sur la lucidité et l’intérêt collectif.
Un Vice-président de l’ADEMA, et non moins Vice-président de l’Assemblée nationale, a la bouche remplie d’insultes, à tel point qu’il a fait pleurer le vieux Diakité, ancien Directeur de cabinet du Pr Ali Nouhoum Diallo et compagnon de lutte de longue date de ce dernier.
Un autre vieux, Mohamédoun Dicko, qui a pu retenir ses larmes, a laissé entendre «nous avons un idéal, nous ne nous sommes pas battus pour de l’argent. Nous avons refusé de poste de ministre pour s’occuper de notre parti. Notre idéal n’a jamais été l’argent, mais le bien-être de nos compatriotes. C’est pourquoi nous sommes pauvres et nous ne nous en plaignons pas. Nous allons mourir avec notre idéal».
C’est dans cette atmosphère que le Président sortant, Dioncounda Traoré, a organisé un échange avec les décideurs du parti, car certains d’entre eux ont souhaité qu’il se représente. Sa réponse a été un niet catégorique. «S’il n’y a pas de relève, cela suppose que nous avons échoué», a-t-il expliqué.
Le candidat le plus engagé, Moustaph Dicko, en a profité pour faire un grand discours, dans lequel il a chargé son adversaire Tiémoko Sangaré, Président intérimaire. Celui-ci et son groupe, qui ont créé le MIRIA, sont dépeints comme étant à l’origine de la déstabilisation de l’ADEMA.
Une thèse repoussée par Tiémoko Sangaré, qui persiste et signe: les germes de la division avaient été semés depuis fort longtemps. Il entend donc conserver son fauteuil contre vents et marées.
Dioncounda Traoré, avec le calme olympien qu’on lui connait, a assisté à cette passe d’armes sans mot dire. Il s’est contenté d’exhorter les uns et les autres à la retenue et à la recherche du consensus, car, selon lui «à chaque fois que l’ADEMA est unie, la victoire est assurée. Divisés, nous perdrons», n’a-t-il cessé de répéter.
La sagesse de Dioncounda Traoré n’a pas empêché l’un des Vices – présidents du parti, non moins Vice- président de l’Assemblée nationale, de proférer des insultes à l’endroit de ses camarades qui pensent autrement que lui, au point que le vieux Diakité, compagnon de lutte de longue date du Pr. Ali Nouhoum Diallo, a éclaté en sanglots. Comme vous le voyez, tous les coups sont permis et même le troisième âge n’est pas épargné au sein de la Ruche.
A deux semaines de la date fatidique du Congrès, le consensus demeure introuvable entre Moustapha Dicko et Tiémoko Sangaré. Résultat: deux nouvelles candidatures sont en préparation pour faire place à un troisième larron. Il s’agit de celles du très respecté Boubacar Bah dit Bill, maire de la Commune V du District de Bamako et de la réputée Dame de fer, Mme Sy Kadiatou Sow, amie de la presse et militante convaincue de la démocratie.
Ce qui porte pour l’instant le nombre des candidats à quatre. Ce qui est sûr, c’est que l’ADEMA a des ressources humaines de qualité. Vont-elles s’entendre autour d’un seul candidat ou bien le «bon choix» sera-t-il laissé à l’appréciation des congressistes, avec tout ce que cela implique comme efforts, y compris financiers?
A suivre.
Chahana Takiou