Tranché à l’audience publique ordinaire du 26 février 2015 par la Justice de paix à compétence étendue (JPCE) de Ouéléssébougou, le litige foncier qui s’est soldé par une scène de pugilat entre le député élu à Kati, l’honorable Bourama Traoré et le juge Amadou Bocar Touré de Ouéléssébougou, connait un nouveau rebondissement. Sur instigation supposée du « député boxeur » Bananzolé Bourama et de son père, le perdant du premier procès, Siaka Traoré vient d’interjeter appel du procès du 26 février dernier dont il a été débouté. L’affaire est entre les mains de la Cour d’appel de Bamako.
Le litige foncier qui a le plus défrayé la chronique en fin 2014 et début 2015 n’a jusque-là pas connu son épilogue. Après avoir été tranchée en audience publique ordinaire du 26 février 2015, l’affaire revient sur la table de la justice. Déboutés par le tribunal de sa réclamation de parcelle, Siaka Traoré, un protégé du député Bananzolé Bourama, ne s’avoue vaincu malgré la sentence des sages du village de Bananzolé et la JPCE de Ouéléssébougou.
Les faits
Il y a deux (2) ans, les frères Bamory, Lamine, tous Traoré et autres...ont procédé à l'identification de leur patrimoine foncier. Ce travail avait pour but de préserver leurs parcelles qui commençaient à devenir l'objet de spéculations. Avant ce travail, ils ont fait appel à tous ceux dont les terres font frontières avec les leurs. Dans ce cadre, un certain Tidiane Traoré, père du député Bourama Traoré autres notables du village ont été consultés à ce processus à titre exceptionnel. Tout s'est bien passé jusqu'au moment où les frères Bamory, Lamine et autres, tous Traoré auront entrepris de construire un logement sur une portion de leur terrain située entre le site de l'école et la voie goudronnée. Il n’en fallait pas plus pour que le sieur Tidiane Traoré, père du député Bourama Traoré, s’y oppose. Pourtant, il avait préalablement participé au processus de délimitation sans faire d’objection. Tidiane justifiait son opposition par le fait qu’il fallait trouver un terrain de sport pour l’école. Sans polémiquer, Lamine Traoré et ses frères ont proposé un autre espace qu’ils étaient prêts à aménager pour le besoin du sport. Ils pensaient mettre fin à toute revendication légitime. Surtout après qu’ils aient préalablement concédé beaucoup de leurs terrains pour la construction des équipements sociaux du village à savoir : l'école, les logements des enseignants, le cimetière et le terrain de foot du village.
Mais, c’était mal connaitre les intentions réelles du député et son père qui, curieusement, exigeaient la démolition de leurs constructions. Déclarés mal placés pour imposer un véto dans le partage d’un héritage par lequel ils ne sont pas concernés, Tidiane et Bourama Traoré ont dû chercher un pion pour jouer leur jeu.
C’est ainsi qu’ils auraient monté un certain Siaka Traoré contre les frères Bamory, Lamine et autres pour réclamation de parcelles. Ce nommé Siaka appartiendrait à la grande famille de Bamory, Lamine Traoré. Croyant avoir les moyens de s’acheter un procès, comme cela se murmurait dans leur entourage, le député Bourama et son père ont rejeté toute proposition de gestion de ce litige à l’amiable. Une plainte au nom de Siaka Traoré a été déposée à la JPCE de Ouéléssébougou. Pendant que le dossier était en étude par le juge et ses substituts, le député s’empressait de connaitre l’issue. C’est pourquoi, il a voulu peser de tout son poids parlementaire pour obtenir une décision favorable pour son protégé Siaka Traoré.
Tellement engagé, le député ne s’est pas empêché d’une scène de pugilat avec le juge Amadou Bocar Touré de Ouéléssébougou qui lui avait gentiment dit de ne pas s’attendre avec lui à une décision de justice bâclée encore moins commanditée.
Après tout l’incident juridico-parlementaire que cette affaire a créé un moment, il n’est d’autre sortie honorable pour le député que de se tenir à l’écart de ce litige foncier qui ne le concerne aucunement. Hélas, loin de là, semble avoir une revanche à prendre. Selon nos sources, il aurait tout entrepris pour obtenir gain de cause pour son protégé Siaka Traoré. Pour ce faire, il se serait attaché le service des deux avocats (Me Tiécoura Samaké et Me Hassane Barry) qui l’avaient permis d’obtenir une liberté provisoire et un abandon de poursuite dans l’affaire d’agression contre le juge de Ouéléssébougou qui l’a envoyé en prison en décembre dernier.
Maliki Diallo