Au total six livres, dont « Les indignés de Kati », viennent de paraitre aux éditions « La Sahélienne ». Ils consacrent la réponse du monde littéraire à la crise que traverse notre pays. L’initiative dénommée « Regard sur une crise » constitue la contribution des écrivains à la documentation de cette crise et marque un coup d’arrêt à la démission intellectuelle.
La nouvelle saison littéraire débute aux éditions « La Sahélienne » sous de bons auspices avec le lancement de l’initiative « Regard sur une crise ». Elle consacre, pour son départ, la sortie groupée de six ouvrages sur la crise politico-sécuritaire que traverse notre pays. La présentation des œuvres a eu lieu lundi dernier au siège de la maison d’éditions en présence de plusieurs professionnels du secteur du livre, chercheurs, étudiants et journalistes.
La présence de Mme le Recteur de l’Université des lettres et des sciences humaines témoignait de l’importance de l’événement et la nécessité pour l’élite malienne de faire un sursaut en disant « non » à la démission intellectuelle. La résistance s’organise ainsi aux éditons « La Sahélienne » avec la série « Regard sur une crise ».
Au total, six nouveaux ouvrages font ainsi leur entrée dans les bibliothèques et vont désormais enrichir la mémoire de l’histoire de notre pays face à la plus grande crise qu’il traverse. Ces œuvres ont pour noms : « Le patriote et le jihadiste » de Mohamed Ag Erless et de Djibril Koné, « Justice traditionnelle et paix durable » de Boubacar Bâ, « Petit chrono de la crise sécuritaire et institutionnelle » de notre confrère Assane Koné (journaliste au « Républicain »), « L’occupation au Nord du Mali » de Doumby Fakoly, Hamidou Magassa, Ciré Bâ et de Boubacar Diagana, « Les indignés de Kati » de Facoh Donki Diarra avec le concours d’Abdoul Karim Coulibaly et de Moussa Traoré, la « Réplique » de Salem Oulad El Hadje, Chirfi Moulaye Haïdara, Mahmoud Zouber et de Zeidane Ag Sidalamine. Six livres à lire absolument, et qui traitent d’un autre regard la crise malienne.
Fascinante mosaïque de mots et d’opinions
Un véritable héritage littéraire produit par ces auteurs en guise de contribution à la mémoire de la crise que traverse notre pays. Travail de recherche et de réflexion plus approfondie sur plusieurs aspects de la crise, ces six ouvrages démontrent une fois de plus que les écrivains rentrent utiles dans la compréhension et la recherche de solutions pour la sortie de crise.
Pour le directeur général des éditions « La Sahélienne », il s’agit pour les intellectuels maliens, à travers cette initiative, d’organiser la résistance face au constat que ce sont les autres qui parlent en notre nom depuis le début de la crise. « Ce n’est pas normal que ce soient les autres, chefs d’Etat en tête, qui parlent et décident au nom du peuple malien. Tout se discute et se décide à notre place. Il fallait que les écrivains que nous sommes réagissent face à cet état de fait », a expliqué Ismaël Samba Traoré, pour qui, la sortie de cette première série marque un coup d’arrêt à la démission intellectuelle.
La série « Regard sur une crise », a-t-il poursuivi, vise à documenter les événements qui ont conduit à l’effondrement de l’Etat malien. Ces livres, selon M. Traoré, constituent une fascinante mosaïque de mots et d’opinions où se retrouvent tour à tour, souvent en même temps, des grondements et cris d’impatience de la rue de Bamako, la fureur des soldats, des officiers subalternes et des femmes des camps, les exigences irréconciliables des regroupements pro et anti-putsch, la furie destructrice des indépendantistes et des islamistes jihadistes, la détresse des jeunes enfants, des communautés prises en otage, la panique de la communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest, des pays du champs, de l’Union africaine, de l’ONU, etc.
Bref, à travers la série « Regard sur une crise », les écrivains maliens se sont désormais fixé le défi de documenter la mémoire de la crise malienne en suscitant la prise de parole de chroniqueurs et analystes. « Il s’agit d’un exercice par lequel il faut passer », a insisté Ismaël Samba Traoré.