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Coup de griffe: République tabatière
Publié le mardi 12 mai 2015  |  Le Prétoire
Des
© Autre presse par DR
Des mégots de cigarettes




«Le tabac nuit gravement à la santé. » Cet avertissement est devenu obligatoire par l’OMS depuis plusieurs années dans la plupart des pays du globe. Le gendarme sanitaire du monde ayant jugé du caractère très nocif du tabac, responsable de plusieurs maladies cardiovasculaires et du cancer, a demandé aux différents pays membres de contraindre les producteurs de tabac, fabricants de cigarettes, cigares, cigarillos et autres poudres à priser à informer les consommateurs sur les hauts méfaits du tabac.

Certains pays sont allés plus loin que les injonctions de l’OMS, ils ont banni le tabac de l’espace publicitaire : toute promotion du tabac est répréhensible. En outre, au cours de ces années, pour décourager la propagation du tabac, certains pays ont interdit sa consommation dans les espaces publics pendant que d’autres augmentaient substantiellement les taxes à son importation, ce qui jouaient négativement sur son prix d’achat.

Tout le monde, ou presque, est donc unanime que le tabac est un poison mortel. C’est sans doute ce qui explique que nulle part il n’y ait d’association ou de collectifs des fumeurs, d’amicales ou de clubs du tabac, d’office national du tabac de …En général, les fumeurs se cachent pour mourir. Aucun chef de l’Etat, depuis 1960, date à laquelle le Mali est censé être indépendant, n’a osé permettre cela.

Pourtant, le Mali de GPP (grand pansu penseur, pour uniquement les intimes) a décidé d’aller à contre-courant de la tendance générale. A partir de 2016, il y aura Dunhill made in Mali. Cette brillante idée va permettre, selon ses concepteurs, la création de plusieurs emplois et de la valeur ajoutée à l’économie nationale. Dunhill étant la marque la plus prisée au Mali, sa production ici va permettre une réduction de son prix de vente donc une augmentation de ses consommateurs. A y regarder de près, si l’Etat va perdre en termes de taxes à l’importation, il va beaucoup gagner en termes d’impôts, de taxes synthétiques, de taxes sur l’importation des médicaments pour le traitement des cancers et des maladies cardiovasculaires causés par la consommation de tabac.

Les caisses de l’Etat seront plus pleines qu’avec la vente du coton ou de l’arachide. L’Etat est d’autant plus conscient de tout ce qu’il aura à gagner avec ce poison qu’il compte subventionner sa production. A cet effet, un contrat de performance a été signé avec la Société nationale des tabacs et allumettes du Mali, dont le conseil d’administration est présidé par Mariam Kaïdama Sidibé. Celle-ci n’a certainement eu aucun problème à embarquer dans son projet GPP, ancien Premier ministre comme elle.

Selon des sources bien informées, les fabricants de bière, vin, tiapalo, kotokoun et spiritueux vont bientôt monter au créneau pour réclamer, eux-aussi, la subvention de l’Etat pour l’extension de leurs unités de production. Après tout, ils sont là depuis des décennies et n’ont jamais été aidés par l’Etat. Et puisque le nouveau pouvoir est disposé à faciliter la production de substances nocives afin de remplir les caisses de l’Etat, des hôpitaux et des pharmacies, eux aussi sont vendeurs de cirrhose et de cancer.

On doit les aider. En entendant les revendications des dealers de haschich, marijuana, cocaïne, héroïne et autres ecstasys. Mais auront-ils une chance dans cette république tabatière où les maigrichons sont pressés de pousser de la bedaine? Très certainement, car, selon les nouvelles règles, promouvoir le vice est un moyen de créer de l’emploi et de relancer l’économie dans les centres de santé et les pharmacies. Dans les cimetières, aussi, car les ancêtres ont besoin de compagnons plus jeunes.

Cheick TANDINA
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