C’est en principe demain, vendredi 15 mai, qu’aura lieu, à Bamako, la signature de l’accord d’Alger. A 24 heures de l’évènement, l’on se pose encore la question suivante : A qui profite cet accord ?
En vérité, beaucoup de zones d’ombre subsistent encore sur la participation des mouvements armés regroupés au sein de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad). Seront-ils présents à Bamako ? Pour l’instant, l’on ne peut jurer de rien, malgré la forte pression exercée par la médiation afin de conduire ces mouvements autour de la table de…signature.
Au-delà, l’accord d’Alger du 25 février 2015 pose problème.
Qualifié par l’opposition d’imposture politique et « porteur de germes réels de séparatisme », le document suscite une vague de désapprobation aussi bien de la classe politique que du peuple, mais aussi des leaders d’opinion et des intellectuels maliens. Et nombreux sont les Maliens à déceler des pièges dans le document paraphé par le gouvernement malien, le 1er mars dernier.
Malgré une intense campagne du pouvoir et ses alliés (à Bamako) qui, à coup de billets de banque, ont tout mis en œuvre pour faire la promotion de l’accord, les réactions de rejet du document fusent de partout.
Avec cet accord, la République est en danger. Parmi les voix qui se sont élevées contre le document, il y a celle, cinglante, de Amadou Traoré, compagnon du Président Modibo Keïta, et ancien responsable du parti de l’indépendance, l’Us RDA.
Pour lui, l’accord d’Alger accorde, entre autres, une «véritable autonomie» aux régions du nord qui ont le droit de promouvoir des projets de coopération transfrontalières. Donc, elles ont des droits diplomatiques à caractère de souveraineté internationale.
Au vu des nombreuses réactions hostiles, à Kidal et à Bamako, l’on est tenté de se poser finalement les questions suivantes : Pourquoi se précipiter à signer ce document, alors qu’il est décrié par une frange importante de la population malienne ? Au même moment, sur le terrain, la tension est à son comble avec son lot d’attaques, d’embuscades et d’attentats contre les forces de défense et de sécurité maliennes.
En définitive, la réalité est celle-ci : l’on se prépare à signer un accord de façade dont personne (ni la médiation algérienne, ni la communauté internationale, encore moins les autorités maliennes) ne peut garantir le respect par les parties signataires. C’est un accord conçu, paraphé et qui sera signé, dans le seul objectif de sauver la face (à la médiation algérienne), et non pour résoudre les problèmes de fond au nord du Mali. Pure folklore ? Ça y ressemble fort.
Ch. Sylla