D’attaques de positions des forces loyalistes dans les villes aux embuscades meurtrières, le septentrion malien a connu, ces dernières semaines, une spirale de violences nourries par les narcotrafiquants du Mnla et leurs alliés djihadistes du Hcua. Ces mouvements armés, qui semblent désormais dans une logique de guerre, font régner la terreur, particulièrement dans la région de Tombouctou où près d’une dizaine de localités (M’Bouna, Bintagoungou, Goundam, Douékiré, Diré, Léré) ont enregistré des attaques meurtrières. A celles-ci s’ajoutent des actions isolées de pillages, perpétrées par de groupuscules de bandits qui profitent de l’absence sur le terrain des forces armées du Mali et de l’indifférence des forces onusiennes.
Le nord s’embrasse ! Une triste réalité malgré les discours tenus à Bamako où l’on s’accroche à un hypothétique accord de paix, présenté comme la potion magique qui remédiera à tous les maux que connait le nord du Mali. Parallèlement aux discours officiels et à l’optimisme béat des autorités, des militaires et des civils continuent de mourir, victimes d’agissement des groupes armés qui font de la région de Tombouctou, l’épicentre de la violence. Agressions, pillages, enlèvements de personnes et assassinats sont devenus quotidiens dans cette région et une bonne partie de celle de Mopti. Même Ségou y trouve son compte.
Cette croisade meurtrière a atteint son paroxysme depuis la reprise de Ménaka par le Gatia, un groupe d’autodéfense favorable au Mali. Le dernier acte a eu lieu le lundi 11 mai dernier, sur l’axe Goundam-Tombouctou, précisément près de la localité de Tin Telout. La cible ? Un convoi de ravitaillement des forces de défense malienne, en provenance de Goundam pour Tombouctou. Ce convoi est tombé dans une embuscade. Bilan officiel : 9 soldats tués et 14 blessés. Cette attaque est venue en ajouter à la psychose et l’inquiétude qui règnent dans cette zone qui, pas plus tard que le 2 mai dernier, avait connu une autre attaque.
C’était à Diré où les bandits de la CMA, pendant quelques minutes, avaient pris le contrôle de la ville. Ils y ont été chassés à l’issue de combats violents, au cours desquels il y a eu des morts et des blessés, aussi bien du côté des assaillants que des forces loyalistes. Cet épisode faisait suite à une série d’attaques dans la même contrée. En effet, le 29 avril du mois dernier à Goundam, des assaillants avaient pris pour cible le peloton de la Garde nationale, dont le chef et son adjoint ont été froidement abattus. Le lendemain (soit le 30 avril) de cet acte crapuleux a été également marqué par une autre opération menée par une horde de bandits armés qui ont pillé et agressé de paisibles citoyens à Bintagoungou. Et le même jour, à des centaines de kilomètres de là, la ville de Léré (cercle de Niafunké) a aussi été attaquée.
S’il n’y a pas eu de combats à Bintagoungou (les forces armées avaient quitté le lieu quelques heures avant l’arrivée des bandits), les FAMa ont opposé une farouche riposte aux rebelles. Bilan : 10 rebelles tués contre 9 du côté de l’armée nationale. S’y ajoute à ces attaques, le pillage d’une dizaine de boutiques à M’Bouna (dans la nuit du 26 au 27 avril 2015) ; l’enlèvement de deux motos et deux voitures entre Goundam et Tonka, le 24 avril. Une autre moto qui appartenait à la Croix Rouge malienne a aussi été enlevée, le 26 du même mois entre Kaneye et Goundam, par des hommes armés.
La recrudescence de la violence ne concerne pas que la région de Tombouctou. Mopti a été également secoué, ces dernières semaines, par des attaques. La dernière en date est celle de Ténenkou où les forces obscurantistes ont échoué face aux forces armées. Si les bandits ne contrôlent aucune localité dans cette région, ils en ont tout de même fait un « magasin de ravitaillement en vivres et en matériels roulant ». En effet, des commerçants y sont quotidiennement dépouillés de leurs marchandises et de leur moto. Aussi, de simples citoyens sont pris en otage ou assassinés…
La dégradation généralisée de la situation sécuritaire serait une des conséquences des atermoiements de la CMA dont la légitimité auprès des populations est une mise en scène. Mais la question essentielle demeure celles-ci : jusqu’où ira ce nouveau regain de violence? L’accord qui sera signé le 15 mai suffira-t-il à atténuer les ardeurs des narcotrafiquants et leurs alliés djihadistes ? En attendant, les populations du nord vivent le calvaire au nez et la barbe des forces onusiennes, censées être là pour les protéger.
Issa B Dembélé