Présenté comme une reforme majeure dans la pratique démocratique au Mali, le statut du chef de file a de beaux jours devant lui. Il faut deux décrets pour sa matérialisation. Et le premier qui devait être signé par le chef de l’Etat, se fait toujours désirer.
Soumi
Soumaila Cissé
Le mois dernier, le président de l’Urd et non moins chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaïla Cissé a rencontré les militants de la section de Commune I du District de Bamako. Une occasion pour lui de revenir sur certains faits, notamment sur la création du statut de chef de file de l’opposition qui tarde encore à se matérialiser. D’entrée de jeu, Soumi a tenu la promesse à ses militants qu’il ne serait jamais un opposant corrompu et qu’il allait continuer à faire son travail de sentinelle de la démocratie, comme toujours. «Ce que l’on veut construire au Mali, c’est la démocratie. Elle ne saurait marcher sans une opposition responsable», a-t-il déclaré. Avant de lancer un motif de satisfaction du fait que le leader religieux, Chérif Ousmane Madani Haïdara, a défendu la nécessité d’une opposition dans la démocratie. Et de renchérir que son opposition au pouvoir peut apporter beaucoup de bienfaits à la démocratie malienne grâce aux critiques objectives sur toutes les questions intéressant la vie de la Nation.
Selon lui, l’opposition peut amener le peuple à prendre conscience des difficultés et des dérives du pouvoir. Cependant, une condition pour que l’opposition marche : il faut un cabinet d’au moins 4 à 6 personnes qui y travaillent avec les responsables politiques, suggère-t-il au pouvoir en place. Sans oublier qu’il faut les moyens lui permettant de pouvoir suivre le gouvernement dans toutes les missions de l’Etat, à l’intérieur tout comme à l’extérieur du pays.
Soumaïla Cissé va loin dans son argumentaire : les deux arrêtés se font désirer encore. Car, explique-t-il, la loi portant statut du chef de file est votée et promulguée, mais son application attend encore deux décrets, à savoir celui du chef de l’Etat pour dire qu’il reconnaît son chef de file de l’opposition. Et un deuxième décret qui doit être pris par le gouvernement pour mettre à la disposition du chef de file de l’opposition, les moyens humains, matériels et financiers pour qu’il puisse travailler convenablement. C’est un constat d’échec au regard de la lenteur du chef de l’Etat à faire sortir un simple décret. Et que dire qu’il faut du temps pour mettre les fonds et les ressources humaines à disposition du chef de file de l’opposition, c’est simplement incompréhensible.
Comme on le voit, la volonté politique fait défaut dans ce dossier qui, pourtant, a le mérite de changer la perception de la démocratie malienne, car d’autres pays de la sous-région ont déjà un statut pour l’opposition et leurs chefs jouissent des avantages édictés par la loi.
Harouna COULIBALY