AFP) - La rébellion à dominante touareg a paraphé jeudi
à Alger l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, mais a réclamé de
nouvelles négociations avant de signer un accord définitif pour mettre fin au
conflit.
"Mission accomplie mais pas terminée", a résumé le ministre algérien des
Affaires étrangères Ramtane Lamamra, qui a parrainé les négociations. Il reste
à construire "l’édifice pour que cette oeuvre soit menée à terme", a-t-il
ajouté.
Les représentants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA,
rébellion) ont clairement signifié les limites de la cérémonie d’Alger.
"Le paraphe de ce document et la signature de l’accord définitif sont et
demeurent des actes juridiquement distincts", a déclaré Bilal Ag Chérif,
responsable de la CMA.
La rébellion a réaffirmé qu’elle ne signerait pas l’accord lors de la
cérémonie officielle prévue à Bamako vendredi en présence d’une dizaine de
chefs d’Etat et de gouvernement, assurant que de nouvelles négociations
auraient lieu avant une signature définitive.
"Un engagement a été pris par la médiation, pour qu’après le paraphe il y
ait des discussions sur nos demandes", portant sur des aspects politiques et
sécuritaires, a déclaré à l’AFP Sidi Brahim Ould Sidat, membre de la CMA. "Dès
que ces demandes seront satisfaites, nous signerons l’accord".
En dépit de violations répétées du cessez-le-feu au Mali depuis deux
semaines, la communauté internationale tente de persuader une partie au moins
de la rébellion à dominante touareg de signer cet accord vendredi afin de
revendiquer un succès.
M. Lamamra s’est dit "conscient que la situation sur le terrain ne pousse
pas à l’optimisme mais qu’elle exige de la médiation internationale d’appeler
au sens de la responsabilité de chacun".
- ’Courage politique’ -
A la fin de la cérémonie, le chef de la diplomatie algérienne a annoncé
qu’il venait de recevoir une communication du président malien Ibrahim
Boubacar Keïta. Ce dernier "tend la main (à la rébellion) et est prêt à les
recevoir à tout moment et discuter avec eux de l’avenir du pays, de l’avenir
des régions du nord et de la mise en oeuvre rigoureuse de l’accord", selon lui.
Pour Almou Ag Mohamed, membre de la CMA, "le paraphe est un signe de bonne
foi pour aller vers une solution définitive, globale et durable mais il reste
des réglages avant la signature".
Dans une déclaration jointe au paraphe et signée par Bilal Ag Chérif, il
est précisé "que la mise en oeuvre ne saurait commencer avant un accord
consensuel entre parties".
Une source au sein de la médiation internationale avait indiqué mercredi à
l’AFP que l’accord, serait probablement signé par deux des cinq groupes de la
CMA.
La CMA a paraphé un document qu’avait approuvé le 1er mars à Alger le camp
gouvernemental. Mais la rébellion avait alors indiqué, après avoir "consulté
sa base", ne pas pouvoir l’avaliser en l’état.
Bien que la CMA campe sur ses positions pour des négociations, les
diplomates de la médiation ont remercié ses responsables "pour leur sens des
responsabilités" et "leur courage politique".
Le président français François Hollande, dont le pays est très impliqué au
Mali, a appelé "toutes les parties" à signer l’accord d’Alger, selon un
communiqué de l’Elysée.
Le texte prévoit la création d’Assemblées régionales dotées de pouvoirs
importants, élues au suffrage universel direct, mais, comme le souhaitait
Bamako, ni autonomie ni fédéralisme et ne reconnaît l’"Azawad", nom par lequel
les rebelles désignent le nord du Mali, que comme une "réalité humaine", sans
contenu politique.
La CMA réclame la "reconnaissance officielle de l’Azawad comme une entité
géographique, politique et juridique", la création d’une assemblée
interrégionale couvrant cette zone, et un quota de "80% de ressortissants de
l’Azawad" dans les forces de sécurité.
Le nord du Mali est tombé au printemps 2012 sous la coupe de groupes
jihadistes liés à Al-Qaïda, après la déroute de l’armée face à la rébellion,
d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Les jihadistes ont été dispersés et partiellement chassés de cette zone par
une opération militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative
de la France, et toujours en cours. Mais des zones entières échappent encore
au contrôle du pouvoir central.
amb/jri