Enfin ! On n’y croyait plus. Après l’attaque ce lundi d’un convoi de l’armée malienne près de Tombouctou, on aurait juré sans grand risque de se tromper, qu’à seulement quelques jours de la signature de l’Accord de paix intermalien prévue aujourd’hui vendredi 15 mai 2015 à Bamako, les choses étaient bien mal engagées, pour ne pas dire pire.
Derrière cette embuscade, les rebelles de la Coordination des mouvements de l’Azawad, la CMA, bien décidés à faire entendre leur voix discordante alors que dans le même temps les différentes parties maliennes tentaient, vaille que vaille, d’accorder leurs violons de concert avec les représentants de la communauté internationale et de la mission onusienne. Bilan de l’attaque : 9 militaires tués et 14 blessés. Voilà donc ce que plus d’un observateur considérait encore ce lundi comme une violation du cessez-le feu, pour ne pas dire une tuile de plus dans le fragile chantier de la paix au nord-Mali.
Et si depuis lors et contre toute attente, les responsables de la CMA s’étaient dits prêts à faire le déplacement d’Alger pour se joindre aux discussions, l’éventualité d’une adhésion à la nouvelle feuille de route en cours d’élaboration restait, pour beaucoup, une véritable gageure.
Pari donc gagné ! Les rebelles ont paraphé l’Accord de paix hier jeudi à Alger… oui, paraphé et non pas signé. Leur représentant, à l’instar de ses pairs, a apposé ses initiales sur les pages du document, en attendant de le signer en bonne et due forme. Alors si l’acte en soi est louable, il est loin d’être achevé, car le plus important et ce qui restera dans l’histoire est tout sauf acquis, tant les sables du septentrion malien sont mouvants.
On attend toujours la signature prévue pour ce jour. Une apothéose prévue de longue date et qui devrait se tenir à Bamako, en grande pompe, et avec tout le gratin. Mais voilà ! Ces messieurs de la CMA ont préféré s’abstenir réclamant des négociations intermédiaires, autrement dit une session de rattrapage avec le gouvernement malien. C’est donc avec un pied dans le processus de paix et l’autre en dehors, que les rebelles de l’Azawad entendent aborder cette nouvelle feuille de route.
Voilà une posture aussi déplacée qu’inconfortable qui, comme un grain de sable dans une machine bien huilée, ne présage rien de bon pour cette paix naissante. Mais faute de mieux, croisons les doigts en essayant de nous convaincre que si la paix a une valeur inestimable à nos yeux, un mauvais deal, de surcroît arraché au forceps, vaut toujours mieux qu’un bon procès !
H. Marie Ouédraog