Quelle mouche a pu bien piquer le président du PARENA pour qu’il aille jusqu’à proposer de négocier avec les narco-jihadistes ? Comment ne pas se poser cette question après la dernière sortie de Tiébilé Dramé sur les antennes de RFI. Après avoir déploré le « manque de concertations » qui a caractérisé, à ses yeux, la dynamique des négociations dans le cadre de l’Accord d’Alger, il a insisté sur la nécessité de « dialoguer avec toutes les parties prenantes au conflit, y compris les jihadistes ».
Que le leader du parti du bélier blanc dénonce des insuffisances contenues dans l’Accord d’Alger, insuffisances, au demeurant, décriées par plus d’un Malien, cela se conçoit, mais que Tiébilé Dramé aille jusqu’à proposer un dialogue avec les narco-jihadistes, cela a de quoi dérouter plus d’un observateur averti de la scène malienne. L’initiative relèverait-elle d’une « concertationite » aigüe dont souffrirait le remuant patron du PARENA ? Dans tous les cas, c’est mal connaître les jihadistes. Tout d’abord, la plupart de ces narco-jihadistes-en tout cas leurs principaux chefs, des Algériens et des Mauritaniens-sont des étrangers, qu’il s’agisse d’AQMI, du MUJAO ou du Mourabitoune de Belmocktar. Même s’il faut dire que, pour le deuxième, le gros de la troupe est constitué d’une nébuleuse dont les éléments proviennent des pays l’Afrique sub-saharienne, y compris le Mali.
En deuxième lieu, ces jihadistes n’ont jamais fait montre de leur aptitude pour le dialogue. Tertio, sous la couverture de l’islam, ces gens s’adonnent à des activités criminelles en tous genres : trafic de drogue, d’armes, de cigarettes et autres. Ramener ces flibustiers du désert autour d’un tapis vert relèverait des douze travaux d’Hercule dont seul Tiébilé Dramé a, peut-être, le secret. Profitant des faiblesses des Etats, ils ne veulent, ni plus, ni moins, que créer un no mans’ land, une espèce de zone de non droit où ils mèneraient tranquillement leurs activités criminelles.
Si d’aventure, Tiébilé Dramé pense à Iyad Ag Ghaly, l’ancien chef de l’ex Ançar Dine, le cas devient plus grave, car c’est par ce dernier, qui a servi de pont entre les rebelles touareg et les narco-jihadistes, que l’essentiel des malheurs du Mali est arrivé. Ce manipulateur devant l’Eternel, qui a tout eu du Mali, n’a rien trouvé de mieux que de payer, en retour, sa patrie en monnaie de singe. Inscrit sur la liste noire des terroristes, il est activement recherché par les Etats-Unis d’Amérique.
Pourtant, le leader du parti du bélier blanc nous avait habitués à des propositions plus pertinentes et son parti, le PARENA, s’est distingué dans le landerneau politique, fait rare pour ne pas être salué, comme une formation politique qui a une grande capacité de proposition. Tiébilé lui-même, qui a eu à jouer, plus d’une fois, un rôle crucial dans la vie de la nation malienne, a acquis une expertise sur les questions du nord pendant son passage à la tête du département en charge des zones arides et semi-arides sous Alpha Oumar Konaré.
Yaya Sidibé