L’Institut national de prévoyance sociale est depuis des décennies une des vaches laitières des dirigeants. Si sa direction est très sollicitée et fait l’objet de convoitise régulière, il procède aussi très souvent à des recrutements de personnel. Il y a un peu plus d’un an, son comité syndical affilié à l’Untm a eu l’idée de quitter cette centrale parce qu’une nommée Dédéou n’a pas pu intégrer le bureau dirigé par Yacouba Katilé. Elle a donc créé une centrale syndicale fantoche avec quelques amis et alliés constitués en syndicats. C’est dans cette situation délétère que la direction de l’Inps, sachant qu’elle ne sera pas contrariée quoi qu’elle fasse, a lancé la procédure en cours de recrutement massif. La chose, outre l’absence de syndicalistes sérieux, n’aurait rien de surprenant, un institut est appelé à grandir avec l’accroissement de la population travailleuse et la mise en œuvre de l’Assurance maladie obligatoire. Mais il se trouve que, ne serait-ce que pour postuler à quelque poste que ce soit, il faut avoir obligatoirement la carte de membre d’un comité du RPM.
Ainsi, dans tous les quartiers de la capitale, et sans doute des villes de l’intérieur, les comités du mouvement national des jeunes du parti présidentiel sont à pied d’œuvre pour mobiliser la jeunesse et l’inciter à acheter la carte du parti, le nouveau sésame pour pouvoir avoir accès à l’emploi. Le parti, comme jadis, a besoin d’argent dans la perspective des élections régionales et communales à venir, le FMI et le gouvernement jouant au gendarme et au voleur, il n’est plus facile de surfacturer quoi que ce soit ni d’acheter un vieil avion au prix d’un neuf. Les maigrichons au pouvoir, qui aspirent à devenir comme Grand pansu penseur ou presque, en sont réduits à se tourner vers leurs « militants » qui ont toujours eu du mal à acheter une carte de membre à la modique somme de 100 F Cfa. Il faut donc qu’ils soient motivés par la perspective d’un emploi.
Perspective parce que le simple fait d’avoir une carte du RPM ne garantit pas l’accès aux mamelles d’abondance de l’Inps. Il faut d’abord plaire au responsable local du parti, ensuite au responsable régional avant d’entrer dans les bonnes grâces de la direction du parti. Aux dernières nouvelles, les demandes d’emploi et dossiers de candidature des détenteurs de carte de militant du RPM sont déposés à l’Inps et seraient ensuite acheminés dans le cabinet d’un ministre RPM pour traitement. Il revient à ce ministre -qu’on dit très proche d’IBK, candidat à la présidence du RPM et de la République, grand ennemi d’un autre ministre RPM mais, lui, très travailleur- de fixer la liste définitive des gagnants au test folklorique qui n’aura lieu que beaucoup plus tard.
Désormais, il en sera ainsi partout où l’Etat est dominant. Les Maliens ont déjà connu ça. A l’époque, le même IBK était aux commandes du gouvernement, d’où il entendait tirer toutes les ficelles. Vous voulez être simple gardien de l’école du village le plus reculé du pays ? Il faut acheter la carte de l’Adema. Aujourd’hui, c’est la carte RPM qui a la cote.
Cheick TANDINA