Éloquent, lyrique, vengeur, répressif fut le speech du président malien à la faveur de la cérémonie de signature de l’accord sur la paix. Il n’aurait dit que la stricte vérité : l’opacité de la MINUSMA dans la gestion de la crise malienne ! Ceci est un fait.
Ce discours, pour ceux qui s’en souviennent encore, rappelait celui qu’il a prononcé en 1996 à la suite de la mort du coopérant Suisse, Père Berbera, alors qu’il était premier Ministre de son Etat. Le Suisse, soupçonné d’intelligence avec la rébellion, a été victime d’une bavure militaire à Niafounké. La représentation helvétique au Mali s’insurgea alors à faire prendre des sanctions contre Bamako nonobstant les mille et une excuse des autorités maliennes. Et c’est la fracassante sortie du premier Ministre IBK qui mit fin au débat. Le Mali, a-t-il dit, présente une fois de plus, ses excuses à la Suisse, mais il est bien en mesure de se passer de la coopération helvète. Alors, point de chantage !
Le premier Ministre Malien venait de dire là tout haut ce que ses compatriotes ressentaient au plus profond d’eux. Et la vie continua.
Aujourd’hui, Monsieur Ibrahim Boubacar Keïta est président de la République et non premier Ministre. Le double jeu de la MINUSMA est certes à dénoncer. Mais par une bouche autorisée. Nous ne pensons qu’IBK soit cette personne au regard de son statut. Son premier Ministre, peut-être ? Lui n’a pas le tempérament approprié pour pareil exercice. Alors, un membre influent de la société civile, le chef de file de l’opposition, un élu national ? Bref, les personnes n’ayant pas leur langue dans la bouche ne manquent nullement au Mali.
IBK pour sa part, devrait rester dans son rôle et ne pas offusquer, même à raison les «partenaires» du Mali. La courtoisie reste une donnée constante de la diplomatie. Tenez : Alpha Oumar Konaré ne pensait moins les déclarations de son premier Ministre en 1996. Les deux hommes ont d’ailleurs discuté de la position à adopter face à l’intransigeance du suisse. Mais il revenait ce jour, à IBK de le dire et il l’a dit de plus belle manière.
Le pays reste toujours fragile et n’a nullement besoin de susciter de nouvelles rancœurs.
B.S. Diarra