Trois jours après la conclusion d’un accord de paix célébré avec faste à Bamako, trois soldats maliens ont été tués dans une attaque, lundi 17 mai.
Cette attaque a été perpétrée par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), qui a refusé de signer cet accord de paix.
L’attaque s’est déroulée lundi 17 mai, tôt le matin, à Bambara Maoudé (100 kilomètres au sud de Tombouctou, dans le nord-ouest du pays). Les assaillants, des hommes armés de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), ont ouvert le feu sur des militaires maliens pendant qu’ils dormaient. Bilan : trois soldats tués.
Trois jours avant, les autorités maliennes, des chefs d’États, l’Union Européenne, l’Union africaine et une partie des groupes armés du nord du Mali célébraient, avec faste, la signature d’un accord de paix, vendredi à Bamako.
UN ACCORD DE PAIX SANS LE PRINCIPAL ACTEUR DE LA CRISE
Négocié en Algérie, l’accord de paix signé vendredi 15 mai au Mali était censé restaurer l’autorité de Bamako dans le nord du Mali, en premier lieu à Kidal d’où les autorités maliennes ont été chassées en 2012 par le Mouvement de libération de l’Azawad (MNLA), un groupe armé touareg luttant pour l’indépendance de la région.
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Après des mois de négociations conduites par l’Algérie, une partie des acteurs de la crise malienne s’étaient entendus sur ce texte, le 1er mars. Sauf le principal, la CMA. Réunissant le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), le Haut Conseil de l’unité pour l’Azawad (HCUA), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) et la Coalition du peuple pour l’Azawad (CPA), la CMA a des revendications qui ne sont pas entendues par Bamako.
Malgré le refus de la CMA, les autres acteurs de cet accord se sont retrouvés vendredi pour signer et célébrer la paix au Mali.
LES PRINCIPAUX POINTS DE BLOCAGE DE CET ACCORD
L’accord de paix prévoit des Assemblées régionales dotées de pouvoirs importants, élues au suffrage universel direct ; de reconnaître à « l’Azawad », une réalité humaine sans contenu politique. Pour le CMA, c’est loin d’être suffisant. Il souhaiterait que l’on ajoute dans cet accord une « reconnaissance officielle de l’Azawad comme une entité géographique, politique et juridique », la création d’une assemblée interrégionale couvrant toute la zone, et un quota de « 80 % de ressortissants de l’Azawad » dans les forces de sécurité de la région.
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UN PARTERRE DE CHEFS D’ÉTAT CÉLÈBRE CET ACCORD À BAMAKO
Vendredi, les autorités maliennes et la Communauté internationale se sont livrés à un spectacle étrange à Bamako. Devant un aréopage de chefs d’États africains, de représentants de la France, de l’Union Européenne, de notables et de chefs religieux, les autorités maliennes célébraient l’accord de paix, qui pourtant n’était pas signé par le CMA.
Parmi les chefs d’État africains qui avaient fait le déplacement à Bamako : le président tchadien Idriss Deby, le mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, le nigérien Mahamadou Issoufou, le burkinabé Michel Kafando, l’ivoirien Alassane Ouattara, le guinéen Alpha Condé, le togolais Faure Gnassingbé, le rwandais Paul Kagame et le ghanéen John Dramani Mahama. Il y avait aussi le zimbabwéen Robert Mugabe, président de l’Union Africaine.
Du côté de la France, c’est Annick Girardin, la secrétaire d’État au développement et à la Francophonie, qui s’était déplacée pour assister à cette cérémonie. Michaëlle Jean, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie, s’était aussi prêtée à cet étrange spectacle.
LAURENT LARCHER