C’est avec du bon français qu’on répond à un français. Ibrahim Boubacar Kéita en a fait plus. Sans discours écrit, il a réussi à faire parler son cœur.
Des pulsations dont les échos sonores étaient cadrés, justes et vrais. Il n’a pas craqué, ni perdu le contrôle de lui-même. Il n’a aucunement craché sa «Valda», ni tiré impunément à boulets rouges sur quelqu’un. Il a peut être craché ses quatre vérités à une organisation internationale qui se mêle les pinceaux dans la gestion de la crise malienne.
D’ailleurs, il n’a fait que le compte rendu d’un entretien qu’il a eu avec le patron de l’ONU, Ban Ki Moon. Un entretien tenu autour de trois points : le dialogue, le respect du cessez-le-feu et le sort des rebelles qui n’ont pas signé l’accord.
A propos du dialogue, une demande reformulée par le chef des opérations de maintien de paix de l’ONU, Hervé Ladsous, lors de cette cérémonie de signature, Ibrahim Boubacar Kéita dans un langage dénudé de toute ambigüité a indiqué que le dialogue a été toujours le crédo de notre société.
Par rapport au cessez-le-feu, sans porter de gants, IBK a cadré les Nations unies. Et ce, par cette déclaration : « il serait convenable, il serait séant, que les Nation Unies fassent preuve de justice et d’équité à cet égard là. Chaque fois qu’il y’a eu violation de cessez-le-feu, violation de cessation des hostilités, nous avons acté, nous avons signalé. Mais rarement nous avons été entendus. On nous a toujours dit : oui ‘’les parties’’, les parties… Un peu de respect pour notre peuple ». Avant de faire la remise à niveau suivante au diplomate français : « Le peuple du Mali est un peuple de dignité, avéré au long des siècles. Un peuple qui, dans la communauté internationale n’a jamais manqué à ses engagements internationaux et continue de le faire aujourd’hui. Mais pourvu qu’au retour, il soit l’objet d’un minimum de respect » fin de citation.
Quant à l’ouverture du document de l’accord à ceux qui ne l’ont pas signé, le président malien, sans porter un avis défavorable à cette faveur de circonstance, mettra les garde-fous en ces termes : « pourvu que ça ne soit pas une prise en otage du Mali et de la paix au Mali ». Sur ce point le ‘’Mandé Massa’’ a été affligé du rajout de Hervé Ladsous, qui a expressément affirmé qu’il ne faut pas que le Mali se prévale de cet accord pour attaquer ceux qui ont boudé sa signature. « Nous ne sommes pas des gueux ! » clamera haut et fort IBK et d’ajouter que : « Nous sommes, gens de bonne compagnie, nous sommes un pays de vieille civilisation ».
Comme pour assommer verbalement et finalement le défenseur de la CMA, dissimulé sous la veste des Nations unies, Ibrahim Boubacar Kéita dira ceci : « Le Mali a accepté beaucoup, le peuple malien est à saluer. Mais que nul ne se trompe sur la qualité de sa dignité, de son sens de la dignité et de sa compréhension de la chose internationale ».
Une déclaration qui fera immobiliser le diplomate français, chef des opérations de maintien de paix de l’ONU au Mali, Hervé Ladsous dans sa chaise. Lequel ne retrouvera son latin que vingt quatre heures après, à la faveur d’une conférence de presse, où il affirme regretter que l’impartialité de la MINUSMA soit régulièrement mise en cause. Que ni sa contribution, ni ses sacrifices ne sont reconnus à leur juste valeur.
Finalement la MINUSMA est sur le point de battre sa coulpe.
Moustapha Diawara