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Le psychodrame Minusma et la psychologie de la guerre au Mali
Publié le jeudi 21 mai 2015  |  Kassin
attaque
© AFP par HABIBOU KOUYATE
attaque à Bamako visant la Mission de l’ONU
Bamako, le 20 Mai 2015, une attaque a visé la Mission de l’ONU au quartier FASO KANU à Bamako




Le psychodrame Minusma et la psychologie de la guerre au Mali
Je crois avoir suffisamment mis en lumière les responsabilités premières des régimes politiques successifs au Mali de Moussa Traoré à IBK, dans la détérioration et le pourrissement de la situation sécuritaire du nord de notre pays avec assez d'insistance qu'il me semble qu'il y a peu d'internautes sur la toile qui ignorent mes prises de becs féroces à l'endroit des dirigeants maliens sur le sujet.
Une fois n'est pas coutume, je ne pointe pas du doigt les premiers acteurs de nos malheurs au nord de notre pays mais bien les acteurs secondaires qui sont aujourd'hui assez actifs pour mériter une prise de position sans équivoque de tous ceux qui aspirent à éclosion de la vérité comme facteur déterminant du progrès social.
A la différence de nombreux amis et patriotes sur internet qui ont au cours des dernières années fait étalage de leurs immenses talents au service du triomphe de la vérité dans ce drame malien, je pense que la mission internationale de stabilisation au Mali, la Minusma, a atteint son point d'incompétence majeure à faire face à sa mission noble que lui a confiée le conseil de sécurité de l'ONU dans nos murs.
La guerre déclenchée en janvier 2012 par le Mnla contre le Mali et son corolaire d'atrocités immondes depuis Aguelhoc de janvier 2012 jusqu'à Kidal de mai 2014, a façonné les mentalités et la conscience populaire malienne que le pays n'a pas d'armée et qu'il est condamné à négocier avec les groupes armés qui occupent son septentrion pour parvenir à une paix durable seul gage d'un développement harmonieux du pays.
Mais la paix se construit à deux et est loin d'être un édifice uni jambe sinon il s'écroulera avant même d'être bâti complément.
En déployant près de 10000 soldats au nord de notre pays, l'ONU a, sans le savoir peut être, installé dans la mentalité des maliens, le réflexe d'assistés en matière de sécurité et de défense nationale et le sentiment de ne jamais pouvoir s'en sortir sans l'aide des autres.
Et le hic c'est que les agissements des autres y compris les soldats des nations unies chez nous, quelles que soient leurs conséquences sur notre sécurité et la stabilisation de notre pays, ne semblaient plus être une préoccupation majeure de bon nombre de maliens de juillet 2013 à mai 2015.
IBK et son régime en tête, ont préféré jouer au faire semblant en croyant bon de voyager indéfiniment et de discourir à tout vent sans vraiment doter l'armée de moyens militaires conséquents durant cette période.
La conscience populaire malienne croyant que la Minusma et sa présence suffirait avec la présence militaire française à assurer la stabilité et la sécurité au nord de notre pays.
Or à y voir de plus près, c'est pourtant le contraire qui se produit avec la montée en puissance du Mnla et de ses alliés de la CMA (pourtant à l'agonie du temps de l'occupation des islamistes entre juin 2012 et janvier 2013) avant de voir leur leadership écorner par les combattants de la plateforme dirigée par les touareg Imghad du Gatia.
Au lieu de désarmer tout ce beau monde, la Minusma et les troupes françaises ont préféré cantonner l'armée nationale du Mali et espérer parvenir à la paix par le biais des négociations d'Alger tout en cohabitant avec les groupes armés divers dans la région de Kidal.
Pourtant la Minusma a été avisée par des attaques mortelles incessantes sur ses propres positions et dont des casques bleus y ont trouvé la mort que cette situation était intenable et ne pouvait durer indéfiniment.
Les négociations de paix d'Alger n'ont pas abouti à une adhésion totale de toutes les parties car c'est un schéma de oui ou non, le gouvernement du Mali disant non à l'autonomie et à l'indépendance des régions nord du Mali et la CMA disant oui à cette option qu'elle sait qu'elle n'aura pas par le dialogue.
Dans cette situation il n'y a pas de compromis possible sauf si la Minusma et la France prennent une position claire car elles ont les moyens militaires d'imposer la paix.
Mais leur position est restée aussi ambiguë que ténébreuse jusqu'à installer le doute dans les esprits de la conscience populaire au Mali.
Il y a donc actuellement deux sentiments largement partagés dans l'opinion publique malienne:
1. Qu'il n'y a pas d'armée nationale pour défendre convenablement le pays;
2. Que la mission des nations Unies et les soldats français au Mali roulent pour la division du pays.
Ce double sentiments pousse les maliens à supporter les combattants de la plateforme avec en tête le Gatia qui revendique haut et fort sont appartenance indéfectiblement au Mali et son opposition sans faille à l'autonomie des régions nord du Mali.
Comme on est dans une configuration OUI OU NON, l'hostilité affichée de la Minusma à l'égard de la présence du Gatia à Menaka renforce le double sentiments de la majorité des maliens sur l'impartialité de la Minusma.
Et quand le sous secrétaire général des Nations unies en charge des opérations de maintien de la paix se pointe à Bamako et s'adonne à l'apologie de la CMA et de ses alliés non signataires des derniers accords d'Alger, il provoque l'ire d'IBK et de toute la conscience populaire malienne qui ne voit plus la Minusma comme une solution au problème de stabilisation des régions nord du Mali.
Il est évident que l'ONU a échoué au Mali au même titre que nos régimes politiques successifs depuis Moussa Traoré jusqu'à IBK, puisque qu'elle n'a jamais eu le courage de trancher entre le OUI et le NON à l'autonomie des régions nord du Mali et n'a pas voulu donner la chance à nos populations du nord de trancher politiquement par un référendum d'autodétermination.
Son retrait actuel du Mali me paraît le moindre mal dans la recherche des solutions au problème du nord du pays car il permettrait à une confrontation armée généralisée mais brève entre groupes armés du OUI contre le NON.
Cette confrontation est regrettable et aura un lourd passif sanguin pour le pays mais elle a le mérite de vite régler le problème d'un conflit territorial et pour quelques dizaines d'années encore.
L'armée malienne ne doit pas rester en marge de cette confrontation armée comme elle ne peut pas indéfiniment se mettre dans une posture d'assistée en matière de sécurité sur son propre territoire.
IBK au lieu de discourir doit œuvrer à cela pour l'armée malienne et pour la stabilité du Mali et remercier gentiment les soldats de l'ONU et les soldats français pour quitter le pays comme l'a déjà fait le président Modibo Keita en 1961.
La souveraineté à moitié voire au tiers génère trop de problèmes et il est temps de le savoir.
Salute.
Kassin
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