Kidal lui montre la porte ; le Gatia l’accuse de vouloir le sortir de Menaka. Et la Minusma n’a d’autre issue que de s’en défendre publiquement. Tout cela se déroule sur les traces fumantes d’une attaque nocturne à Bamako sur une voiture du contingent Burkinabé de l’organisation onusienne. Les dégâts sont limités, mais parce que deux grenades trouvées sur place par les enquêteurs n’ont pas explosé. Qui plus est, cette agression n’a pas produit que de la consternation dans l’opinion, en tout cas dans cette autre opinion publique que sont les posts d’internautes. Témoin, ce hallali donné par l’un des internautes :« sortons et attaquons la France et la Minusma » ! L’indifférence -voire l’hostilité- de certains de nos compatriotes devant l’infortune d’une institution venue normalement à notre chevet ne trahit pas, à notre sens, un dépit amoureux passager. Elle exprime, au contraire, une lame de fond, « le ressenti profond des Maliens » pour utiliser l’expression du porte-parole du gouvernement dans une autre circonstance. Cinq jours après la signature grandiose de l’accord pour la Paix et la Réconciliation, le signal a de quoi inquiéter. Surtout peu de jours après le recadrage en direct du sous-secrétaire général de l’Onu, Hervé Ladsous par le président de la République. C’est peu de dire que Bamako a apprécié la mise au point. Pourtant la situation au Nord est d’une troublante volatilité. Le feu prend et c’est plus les tisons de la surenchère que le bûcher de nos vanités. Les pompiers français et onusien passent pour les snipers de la paix. Et comme nous dépendons fortement de la communauté internationale et que notre armée n’est pas au point pour nous tirer d’affaire, il sied de se demander où va ce pays. Une expression galvaudée mais tragiquement pertinente pour le grand Mali que nous aimons croire que nous sommes encore.
Adam Thiam