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L’ancien premier ministre Moussa Mara à propos de sa visite à Kidal le 21 mai 2014 : « Si c’était à refaire je le referais sans état d’âme »
Publié le jeudi 21 mai 2015  |  L’Indépendant
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© aBamako.com par A.S
Le Premier ministre, Moussa Mara présente les vœux du gouvernement au président de la République IBK
Bamako, le 29 décembre 2014. Koulouba.Le Premier ministre, Moussa Mara, a présenté les vœux du gouvernement au président de la République Ibrahim Boubacar Keïta qu’il a remercié pour la confiance placée en l’équipe gouvernementale.




Il y a exactement un an, jour pour jour, que l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, effectuait une visite à Kidal. Accompagné de plusieurs ministres du gouvernement, la visite a tourné au cauchemar.

En effet, les affrontements qui ont eu lieu ce jour ont, en plus de la perte de Kidal, occasionné plusieurs dizaines de victimes militaires et civiles. L’enquête parlementaire commanditée pour faire la lumière peine à rendre son rapport. Interviewé par nos confrères d’Africable, l’ancien patron de la Primature, un an après les faits, n’affiche aucun regret eu égard au bilan dramatique que cette aventureuse visite a occasionné. » Je suis prêt à me soumettre à n’importe quelle justice pour faire la lumière et, si c’était à refaire, je le referais sans état d’âme » Moussa Mara dixit.

Le 21 mai 2014 restera dans les annales de l’histoire du Mali comme une date affreuse. Pour cause, c’est exactement ce jour, et pour la première fois, que la République du Mali perd toute autorité sur la ville de Kidal. Cette perte fait suite à la visite du Premier ministre Moussa Mara dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas. 72 heures avant l’arrivée de sa délégation, les combats qui ont éclaté entre les FAMA et le MNLA avaient déjà fait 14 morts dont 6 Préfets, froidement exécutés par balles ou égorgés par les narco-séparatistes kidalois. Certaines sources annoncent que la MINUSMA aurait déconseillé cette visite au Premier ministre. C’est ce qui expliquerait l’absence ou le refus de Soumeylou Boubeye Maiga, ministre de la Défense et des anciens combattants au moment des faits, à se rendre à Kidal.

Rien n’y fit. Mara débarque à Kidal le samedi 21 mai 2014 en compagnie de Mohamed Ali Bathily (ministre de la Justice, garde des Sceaux) et de Zahabi Ould Sidi Mohamed (ministre de la Réconciliation nationale) sous la protection des FAMA. La délégation se rend au gouvernorat mais déjà, à 16 h, la situation tourne au vinaigre. La délégation du Premier ministre a été contrainte d’évacuer les lieux- la préfecture de Kidal- et de se réfugier dans le camp tenu par les FAMA. Les autorités maliennes demandent, officiellement, à la Force Serval d’assurer la sécurité des officiels. Chose faite une heure après.

La délégation quitte Kidal le lendemain pour Bamako. Les combats, qui s’en sont suivis ont fait, selon les chiffres officiels, 36 morts dont 8 militaires et une cinquantaine de gendarmes, militaires et policiers faits prisonniers. D’autres sources militaires annoncent que le bilan a été au moins deux fois plus élevé qu’annoncé. La nouvelle est accueillie avec beaucoup de stupeur. Le président IBK limoge, dans la foulée, le ministre de la Défense et des anciens combattants. Une enquête parlementaire a été commanditée pour faire la lumière. Malheureusement, un an après, personne n’en sait plus que ce qui a été toujours dit. Quant à l’ancien Premier ministre, une semaine avant ce triste anniversaire, il semble n’afficher aucun regret face aux victimes de toutes sortes occasionnées par cette visite dans des termes frisant la désinvolture : » Je suis prêt à me soumettre à n’importe quelle justice pour faire la lumière et, si c’était à refaire, je le referais sans état d’âme « .

Entre temps, les ex-otages civils broient du noir au quotidien. Dans un document déposé à notre rédaction, ils » disent non à tout système tendant à méconnaitre leurs sacrifices et leur droit à la vie tout court « .

Quant aux ex-otages militaires, ils ont été répartis entre d’autres unités et beaucoup d’entre eux, à voix basse, condamnent le manque de reconnaissance de leur hiérarchie car n’ayant pas obtenu la moindre distinction.

Vivement donc le rapport d’enquête parlementaire pour faire toute la lumière de cette visite aventureuse qui compte pour beaucoup dans la situation sécuritaire actuelle dans notre pays.

Diakaridia YOSSI
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