L’accord de paix au Mali sera de nouveau, à partir de lundi, au cœur des discussions à Alger. Il ne s’agit pas d’une "réouverture des négociations" a tenu à préciser la Mission des nations-Unies pour le Mali de "consultations" destinées à mettre en place les conditions" d'application de l'accord "dans les plus brefs délais".
Une précision qui n’est pas anodine dans la gestion délicate d’une situation où l’accord de paix a été officiellement signé le 15 mai dernier à Bamako par le gouvernement malien et la médiation mais que la rébellion rassemblée au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) n’a fait que parapher.
LIRE AUSSI:
Le gouvernement malien signe la paix en grande pompe, mais sans la rébellion
La rébellion touareg (CMA) paraphe l'Accord d'Alger mais ... ne le signe pas
La CMA n’a d’ailleurs pas parlé d’une seule voix puisque deux groupes sur les cinq qui la composent- la Coordination pour le peuple de l'Azawad (CPA) et la CM-FPR2 (Coordination des Mouvements et Fronts patriotiques de résistance), ont fait le voyage de Bamako et signé l’accord. Mais les trois autres mouvements qui n’ont pas encore signé pèsent plus fort que les deux autres.
C’est en leur nom que la CMA avait refusé de participer à la cérémonie de signature organisée à Bamako en soulignant que des "discussions" devaient être engagées entre le moment du paraphe et celui de la signature proprement dite.
La Coordination a publié le 16 mai, un communiqué dans lequel elle "prend acte" de la signature à Bamako "de l’accord dit "accord pour la paix et la réconciliation au Mali" entre la partie gouvernementale et les milices communautaires qui lui sont favorables". Elle a souligné cependant que "cette signature ne saurait l’engager avant l’aboutissement des discussions prévues après son paraphe".
Le mot "discussions" permet à l'évidence d'apaiser les deux parties. La médiation internationale pour les pourparlers inter-maliens, avec en tête l'Algérie, qui s'est réunie mardi à Bamako, parle d'une "série de consultations" à partir du 25 mai 2015 à Alger.
Un défi pour la diplomatie algérienne
Ces consultations, indique-t-elle, dans un communiqué sont "destinées à mettre en place les conditions du parachèvement du processus de signature de l'Accord dans les plus brefs délais".
Les consultations "seront également l'occasion pour les parties de réaffirmer leur engagement en faveur d'une cessation totale et définitive des hostilités". La médiation internationale a d'ailleurs pressé les "parties" qui n'ont pas encore signé l'accord de le faire "dans les meilleurs délais".
La médiation internationale a par ailleurs désigné un groupe d’experts en le mandatant "d'engager immédiatement les préparatifs pour la mise sur pied du Comité de suivi de l'Accord et la tenue dans les délais les plus rapprochés, de la première réunion de cette instance".
"Ce groupe est également mandaté à l'effet de proposer, au Comité de suivi, un échéancier précis pour la mise en œuvre de l'Accord", conclut le communiqué. La diplomatie algérienne qui gère le dossier, dans le cadre de la médiation internationale, a réussi en partie à faire avancer les choses en amenant la CMA à parapher l’accord. Il reste encore à convaincre la CMA d’aller vers la signature.
Ce sera le défi immédiat. Mais le vrai enjeu, au regard des expériences passées, est d’assurer un suivi qui permettrait une application effective de l’accord et d’éviter un retour au conflit.