La situation se tend dans le Nord du Mali, notamment à Ménaka et à Ansongo. Selon plusieurs sources, au moins six civils, dont un employé d'une ONG, ont été tués jeudi dernier lors d'affrontements survenus dans la localité de Tin-Hama à Ansongo entre la Coordination des mouvements de l'Azawad et les groupes armés de la plate-forme.
Les combats entre les rebelles et le Groupe d'autodéfense touareg Imrad et alliés ont éclaté à Tin-Fadimata, à 30 km au nord de Ménaka où un cessez-le-feu a déjà été violé à de multiples reprises.
La branche espagnole de l'ONG Action contre la faim a indiqué qu'un de ses employés maliens a trouvé la mort lors de ces affrontements. Elle a décidé de suspendre ses opérations dans le secteur. Une source, citant des témoins, a indiqué que deux enseignants, deux élèves et un muezzin avaient également été tués.
La mission locale des Nations unies et les forces armées maliennes ont confirmé la reprise des combats. Un porte-parole militaire a déclaré que « les Fama sont positionnées à Ménaka pour protéger la population ». Il a averti également que « si la CMA veut prendre la ville, elle aura affaire aux Fama ».
La Minusma a annoncé de son côté l'envoi de casques bleus qui auront pour mission d'établir une zone de sécurité à cinq kilomètres de la localité afin de protéger ses habitants. Radhia Achouri, porte-parole de la Minusma, a précisé que ces cinq kilomètres sont « la ligne à ne pas franchir ».
Dans un communiqué, le gouvernement malien a condamné « l'attaque de cette localité de Tim-Hama par la CMA ». Pour le gouvernement, elle « s’inscrit dans une logique de violences récurrentes entreprises par la CMA ». Bamako s'est insurgé contre les accusations portées contre l'armée et invite la médiation internationale et la communauté internationale à « agir pour faire respecter l'accord pour la paix et la réconciliation ».
Dans la région de Tombouctou vers 11h, des individus lourdement armés à bord de deux véhicules et de motos ont attaqué le village de Gaberi à 7 Km du cercle de Gourma Rharous. De sources locales, les assaillants ont pillé plusieurs boutiques avant de partir.
Dans la même région, des hommes armés non identifiés ont attaqué hier en fin de journée, le village d'Échelle Oro dans la commune de Tonka. Selon des sources locales, les assaillants sont arrivés à bord de 10 véhicules. Ils ont d'abord procédé à des tirs de sommation avant de piller la population. Selon un élu local, c'est la panique dans la localité, des déplacements massifs sont enregistrés.
La recrudescence de la violence au Nord a provoqué un déplacement massif des populations. Selon OCHA, plus de 15000 personnes ont fui les combats dans le cercle de Gourma Rhaouss, près de 4000 personnes se sont déplacées dans le cercle de Tombouctou, notamment dans la commune Bourem Inaly. On estime à 8000 le nombre d'habitants qui ont quitté le cercle Goundam à cause des violences. Ces déplacements massifs ont provoqué une pénurie d'eau, de nourriture et un manque d'accès aux soins . Un déplacé de Goungoubéri, affirme que « les populations ont perdu tous leurs biens, et il craint « le risque d'une catastrophe humanitaire ». Il a été joint par Issa Fakaba Sissoko :
«Le village compte une population de 1.630 personnes, dont 743 hommes et 896 femmes, l'effectif de l'école fait 132 élèves. Tous actuellement ont quitté ce village sous la contrainte des armés de la part d'individus se réclamant de l'Azawad. Ils sont tous derrière le fleuve dans un village qu'on appelle Boranda. Actuellement la population est laissée à elle-même. Parmi les pertes on peut citer les animaux, les stocks de céréales, etc. tout a été emporté par les assaillants. Cette population est affectée actuellement par certaines maladies, surtout les petits enfants qui développent de la diarrhée, les femmes allaitantes n'ont plus à donner ce qu'elle peuvent à leurs enfants à cause de la sous-alimentation. Les personnes sont sans abris. A l'heure où je vous parle, toutes les organisations humanitaires ont été alertées, mais aucune n'est sur le terrain. La population est laissée à son triste sort et nous déplorons ce qui nous arrive actuellement. C'est pour cela que nous lançons un SOS à toutes les bonnes volontés et aux ONG afin qu'elles fassent mieux avant que la situation à Goungoubéré soit une catastrophe naturelle ».