Le vendredi 15 mai dernier, le Mali a vécu au rythme de la signature solennelle de l'Accord de paix pour la réconciliation. Cette signature couronnait le processus d'Alger qui a duré sept a huit mois, sous la férule d'une médiation dite internationale dont l'Algérie voisine était naturellement le chef de file.
Pour la circonstance, les autorités nationales ont mis les petits plats dans les grands pour donner à l'événement toute sa dimension historique. Dans cette optique, les "communiquants" de l'Etat malien ont même retenu un Hashtag dédié - #BenKan2015 - pour permettre à la communauté virtuelle de participer à cette grande fête de la paix.
#BenKan2015 a été choisi a l'issue d'un brainstorming qui a duré près d'une dizaine de jours, et était supposé fédérer toute la production intellectuelle des blogueurs maliens et étrangers, particulièrement nombreux à s'être intéressés au processus de paix au Mali depuis 2012.
L'initiative aurait pu rencontrer un succès franc et historique n'eut été la mesure jugée liberticide par de nombreux blogueurs de restreindre l'accès de la salle de cérémonie aux journalistes d'une part, et d'interdire les téléphones portables, les tablettes et autres outils de travail des journalistes et blogueurs d'autre part.
Cette mesure à été très mal vécue par nos confrères qui ont poussé des cris d'orfraie, et n'ont pas compris l'initiative des organisateurs de la cérémonie de communiquer un hashtag à la communauté virtuelle.
Mise à part cette restriction maladroite, le moins que l'on puisse dire, c'est que le Hashtag #BenKan2015 a prospéré. Même ceux d'entre les blogueurs qui ont paru outré l'ont utilisé pour déverser leur bile. Il faut se réjouir de ce que des diplomates accrédités au Mali, de nombreuses personnalités nationales et étrangères ainsi que le citoyen lambda se soient laissés prendre au jeu.
Il faut surtout reconnaître que l'initiative a eu le mérite de prouver à la face du monde entier que les Maliens pouvaient faire autant sinon mieux que les autres en matière d'appropriation des outils et codes de la communication digitale. Le pays regorge de nombreuses compétences - parfois cachées - qui n'attendent que les conditions favorables pour éclore.
Nous avons pris plaisir à parcourir la production regroupée sous #BenKan2015 et tiré quelques enseignements qui recoupent l'état d'âme de la presse nationale par rapport au processus d'Alger. Il y a ceux, très nombreux, qui ont applaudi à deux mains pour saluer la signature de l'accord de paix. A côté de ceux-là, il y a ceux qui voient le verre à moitié vide et qui sont frustrés de l'absence de la CMA (Coordination des Mouvements de l'Azawad) à la cérémonie. Il y a aussi cette troisième catégorie d'internautes qui sont très sceptiques de l'issue du processus d'Alger. Ces indécrottables pessimistes voient partout le baiser de Judas et sont confortés dans leurs certitudes par la multiplication des escarmouches sur le terrain depuis la signature de l'accord de paix.
Enfin, il y a la minorité très bruyante de ceux qui assimilent cette cérémonie à un mauvais vaudeville. De leur point de vue, il ne peut y avoir de paix si tous les acteurs ne déposent pas les armes et ne s'asseyent autour d'une table. Ils pensent, de bon droit, que la CMA mène le Mali en bateau et n'attend que le moment propice pour poignarder le pays dans le dos.
Qui a raison ? Qui a tort ? Notre rôle n'est pas de répondre à ces questions fermées, mais d'exposer les arguments des uns et des autres tels qu'ils ont été exprimés sous #BenKan2015, tout en nous réjouissant de cette "première" dont les enseignements doivent être tirés pour mieux préparer les événements à venir notamment le sommet Afrique-France de 2016 que notre pays doit abriter.
Parcourir la production : https://mobile.twitter.com/hashtag/benkan2015
Ceux qui sont déjà sur Twitter n'auront qu'à taper #BenKan2015 dans la petite fenêtre nantie d'une loupe pour lire l'ensemble de la production.
Serge de MERIDIO