Bamako - Un Casque bleu bangladais a été tué et un autre grièvement blessé à Bamako, alors que la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), régulièrement attaquée dans le nord du pays, est déjà la plus risquée depuis la Somalie dans les années 1990.
Toutes les pistes étaient envisagées mardi pour ce décès, qui intervient alors que le climat s’est alourdi entre la force de l’ONU et le président malien Ibrahim Boubacar Keïta ainsi que les groupes armés soutenant le gouvernement.
"Hier soir vers 19H30 (locales et GMT), un incident impliquant un véhicule de la Minusma a eu lieu dans les environs de l’aéroport de Bamako", a annoncé la force de l’ONU dans un communiqué sibyllin mardi en fin de matinée, confirmant des informations obtenues dans la nuit de sources sécuritaires.
"Un Casque bleu a été blessé, un autre a succombé suite à ses blessures", selon le texte, ajoutant que l’enquête "permettra de déterminer les circonstances exactes de l’incident".
Une source sécuritaire malienne avait fait état dans la nuit d’un Casque bleu blessé et d’un autre tué par des tirs d’hommes armés non identifiés.
"Nous avons ouvert une enquête pour savoir ce qu’il s’est passé exactement, puisque a priori, il n’y a pas d’impacts de balles, mais seulement des traces de sang sur le véhicule", a ensuite précisé cette source à l’AFP, sous couvert d’anonymat.
Une source sécuritaire de la Minusma a indiqué à l’AFP que les deux Casques bleus appartenaient au contingent bangladais, le plus important de la force de l’ONU, avec plus de 1.700 militaires et policiers sur près de 10.000.
Ils se dirigeaient de l’aéroport vers le sud de la ville quand ils ont essuyé les tirs d’assaillants à bord d’un véhicule, selon cette source.
Au Bangladesh, le porte-parole de l’armée a confirmé le bilan, précisant que les deux militaires, de simples soldats, circulaient à bord d’un 4X4.
- Ouverture de consultations à Alger -
Fréquemment frappée par des attaques dans le nord du Mali depuis son déploiement en juillet 2013, la Minusma a essuyé la semaine dernière la première attaque la visant directement à Bamako.
Lors de cette attaque nocturne le 20 mai, un homme armé avait tenté d’incendier un véhicule de l’ONU garé devant une résidence de personnels de la Minusma, blessant un gardien et causant des dégâts matériels.
L’attaque avait apparemment pour but de faire ainsi sortir les Casques bleus pour les attaquer à l’arme automatique et à la grenade, selon un enquêteur malien.
La Minusma avait alors rappelé la responsabilité des autorités maliennes "d’assurer la sécurité de son personnel, notamment à Bamako".
Elle avait rejeté "catégoriquement toute mise en question de son impartialité et de celle de son personnel", après une volée de critiques du président malien lors de la signature d’un accord de paix, à Bamako, par le camp gouvernemental et la médiation internationale, mais pas par les principaux groupes rebelles.
A la fin de la cérémonie le 15 mai, M. Keïta avait apostrophé le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU, Hervé Ladsous, sommant les Nations unies de faire "preuve de justice et d’équité" envers le Mali.
Le lendemain, M. Ladsous s’était insurgé contre un manque de reconnaissance pour les "sacrifices" de la Minusma, qui compte 35 tués en moins de deux ans, soit la mission la plus "coûteuse en vies humaines" depuis la Somalie dans les années 1990, selon lui.
Une "série de consultations" destinée à amener la rébellion à signer l’accord doit par ailleurs s’ouvrir cette semaine à Alger, alors que le cessez-le-feu dans le nord du Mali est régulièrement bafoué depuis la prise par des groupes armés pro-gouvernementaux, le 27 avril, de positions rebelles à Ménaka, près de la frontière nigérienne.
Cette région était tombée en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda après la déroute de l’armée face à la rébellion, d’abord alliée à ces groupes qui l’ont ensuite évincée.
Bien que les jihadistes aient été dispersés et en aient été en grande partie chassés par l’opération "Serval", lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France - relayée depuis août 2014 par "Barkhane", dont le rayon d’action couvre l’ensemble du Sahel - des zones entières échappent encore au contrôle des autorités.
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