Alors qu'une intervention dans le Nord-Mali se précise, le chef d'Ansar Eddine lâche Aqmi, son allié d'un temps. Portrait d'un rebelle touareg aussi rusé que pragmatique.
Iyad Ag Ghali n'était pas à Ouagadougou, le 14 novembre, quand ses émissaires ont annoncé qu'Ansar Eddine, le groupe qu'il dirige, allait aider « à débarrasser » le nord du Mali des « mouvements étrangers ». Il n'était pas là non plus quand, deux jours plus tard, le chef de la diplomatie burkinabè a annoncé qu'Ansar Eddine et le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) étaient prêts à dialoguer avec Bamako. « Iyad n'aime pas plus se montrer que dire ce qu'il pense, confie un intermédiaire qui l'a souvent côtoyé. Mais c'est sûr, il a gagné sur toute la ligne ! »
N'est-ce pas plutôt devant la menace d'une intervention au Nord-Mali qu'il a choisi de se démarquer d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) ? Sans doute en partie, assure Mohamed Bazoum, le chef de la diplomatie nigérienne. Oubliant peut-être un peu vite le passé d'Iyad Ag Ghali - c'est lui qui, prenant la tête du Mouvement populaire pour la libération de l'Azawad (MPLA), avait lancé l'assaut contre Ménaka en 1990 -, le ministre assure que ce dernier n'était « pas homme à faire la guerre ». « Il n'a pas cette vocation-là, dit-il. Pendant vingt ans, sa vocation a été de trafiquer, de jouer de ses relations avec ATT [Amadou Toumani Touré, l'ex-président malien] et de profiter des compromissions [des autres] ».