Apparemment, le regain de tension actuellement en cours dans le septentrion malien ne favorise pas une mise en œuvre rapide de l'accord. C'est ce qui justifie notamment la tenue d'une " série de consultations " qui doit s'ouvrir cette semaine à Alger entre le gouvernement malien et les narco-séparatistes. Une rencontre que la plateforme des mouvements républicains a décidé de bouder à cause des conditions que lui impose la MINUSMA.
Un combattant des séparatistes du MNLASelon celle-ci, ces consultations devraient parvenir à la conclusion d’un nouvel accord de cessez-le-feu, notamment autour de Ménaka, pour rendre effective la mise en œuvre de l’accord. Une étape qui passe par la mise sur pied d’un comité de Suivi de l’accord, un point qui sera également abordé lors de ces échanges. Cependant, alors que les différentes délégations devaient converger vers Alger depuis, le lundi 25 mai dernier, les unionistes ont décliné l’invitation. Selon ses responsables, il est inutile de conclure un nouvel accord de cessez-le-feu alors que ceux qui existent déjà sont constamment violés par les narco-séparatistes au nez et à la barbe des casques bleus. Ils se sont également interrogés sur les raisons pour lesquelles ce cessez-le-feu ne concerne que la localité de Ménaka et non les autres ? Il faut préciser qu’à ce sujet, tout le monde se souvient du coup de pouce que les soldats onusiens ont voulu donner aux séparatistes en janvier dernier alors qu’ils étaient incapables de reprendre la localité de Tabankort aux unionistes. La MINUSMA avait conclu avec eux un accord partisan établissant une » zone temporaire de sécurité » incluant Tabankort.
Ce qui permettrait aux narco-séparatistes d’attaquer les unionistes sans la possibilité pour ces derniers de réagir. Une situation qui avait causé de vives protestations à Gao où la MINUSMA a tué au moins trois manifestants et fait de nombreux blessés. Pour les mouvements de la plateforme, s’ils devaient quitter Ménaka, c’est l’armée malienne qui doit réinvestir leurs positions, ce qui est d’ailleurs le souhait des habitants de la ville. Par ailleurs, ils ont également exigé à la MINUSMA de demander aux séparatistes de ne plus commettre d’exactions contre les civils pendant au moins 10 jours. Ce qu’ils ont été incapables de respecter prouvant ainsi que la MINUSMA n’a aucune emprise sur eux. La plateforme considère cette attitude de la mission onusienne comme une fuite en avant, raison pour laquelle elle boude cette rencontre, dont elle n’attend rien de concret, sinon une réunion supplémentaire. D’ailleurs, à cet effet, tout le monde n’a pas la même lecture, tandis que la médiation considère cette rencontre comme des consultations, les rebelles estiment que c’est une ouverture des discussions. Alors la sortie définitive de la crise pourrait ressembler à un mirage avec de telles attitudes et doubles langages.
Massiré DIOP.