«Annoncé pour être celui de tous les dangers, il est devenu celui de tous les espoirs»
Le sentiment d’union qui s’est degagé au sortir du 5ème congrès ordinaire, reste à être confirmer sur le terrain. Il est clair que le Parti africain pour la solidarité et la justice nourrit plus que jamais l’espoir de reconquérir la position qui fut la sienne sur l’échiquier politique nationale. Pour y parvenir, Pr Tiémoko Sangaré, porté à la tête d’un bureau de 67 membres, entend s’appuyer sur un certain nombre de principes qui ont pour noms: cohésion, discipline, retour aux valeurs fondatrices…
Les 24, 25 et 26 mai 2015, les observateurs avisés en politique ont dû retenir leur souffle, les regards rivés sur l’ex-Palais des congrès, où l’Adema-Pasj jouait sa survie. L’incertitude était d’autant plus grande lors de ce congrès que la position des uns et des autres étaient parus des plus tranchées en prélude à ce rendez-vous statutaire qui avait été maintes fois annoncé et autant de fois reporté. Au sortir de cet exercice qui, faut-il le rappeler, était plein d’enjeux, le constat est là: la guerre de chiffonniers que plus d’un observateur avait redouté n’a pas eu lieu et les abeilles, pour l’instant, sauvent l’essentielle.
En effet, si le recours au vote des délégués a pu être évité de justesse pour la mise en place du nouveau bureau, il y a lieu de rappeler que cela s’est joué au bout d’un suspens infernal qui a contraint le congrès à jouer les prolongations.
En effet, initialement prévu les 24 et 25 mai, la Commission d’investiture a dû passer des nuits blanches pour parvenir à un consensus autour du nouveau bureau du Comité exécutif. Ainsi, au terme de ce suspens infernal, c’est Tiémoko Sangaré, lui qui jouait jusque-là le rôle de président intérimaire qui est porté à la tête d’un bureau dont la taille fut réduite à 67 (contre 87 pour le précédent), conformément aux orientations du président sortant, Pr Dioncounda Traoré.
Moustapha Dicko, l’autre candidat au poste de président du parti, se retrouve à la 4ème vice-présidence, loin derrière les ministres Abdel Karim Konaté et Dramane Dembélé, respectivement 1er et 2ème vice-président. Le poste de 3ème vice-présidence est occupé par Marimantia Diarra, lui qui cède le Secrétariat général à l’emblématique Assarid Ag Imbarcaouane. Le maire de la commune I, Fatoumata Doumbia est portée à la 5ème vice-présidence. Si l’on en croit des sources proches du parti, Koulouba aurait pesé de tout son poids en faveur de l’élection du Pr Sangaré à la tête du Pasj.
D’ailleurs, certains militants comme Mahamadou Sidibé de la section IV expriment une relative satisfaction par rapport au nouveau bureau, tout en dénonçant d’ores et déjà la ‘’démagogie’’ qui a prévalu à sa mise en place. Mais, qu’à cela ne tienne, le nouveau président a déjà dévoilé ses orientations pour les cinq ans pour lesquels, il a été investi. Pour que le parti dispose d’assises solides, il doit, de l’avis de Tiémoko Sangaré, relever un certain nombre de défis: la réorganisation, l’animation et de la réussite des futures élections communales. Cela, dit-il passe par la discipline et l’engagement de chaque militant. Par ailleurs, le président Sangaré a rappelé le renouveau que l’on attend du nouveau bureau et qui passe absolument par le retour du parti à ses valeurs fondatrices, celles auxquelles ses orientations politiques sont adossées.
«Nous ne pouvons plus cautionner les déviances. Nous ne devons plus autoriser davantage que prospèrent les manifestations d’une dérive certaine de notre parti», a indiqué le nouveau maître des lieux, tout en insistant sur la nécessité d’aller vers l’application courageuse et stricte des textes du parti. Ce, afin de faire émerger un parti de militants et aux repères idéologiques nettement marqués. «Notre responsabilité collective est engagée face au peuple Adema et à celui du Mali», a-t-il souligné, appelant ses camarades du bureau à meriter cette confiance qui vient d’être placée en eux afin d’amorcer un nouveau départ pour l’Adema. Toujours est-il que l’espérance du nouveau président est désormais plus grande. «Sous peu, le 5ème congrès de l’Adema aura vécu.
Il était annoncé pour être celui de tous les dangers, il est devenu celui de tous les bonheurs et de tous les espoirs», s’est réjoui Tiémoko Sangaré, réaffirmant la détermination de la nouvelle équipe dirigeante à faire en sorte que l’Adema regagne sa position initiale de première force politique du Mali. Cela, dit-il, passe par une certain cohésion, l’engagement de chaque militant et l’accompagnent des anciens, notamment Pr Dioncounda Traoré. Ce dernier avait, lors de l’ouverture des travaux, appelé à la refondation du parti en indiquant un certain nombre d’orientations.
Il y a lieu de souligner que le couple Sy, Ousmane et Kadiatou Sow, ne figure pas curieusement dans le nouveau bureau. D’ailleurs, M. Sy a curieusement brillé par son absence à ce congrès.
Bakary SOGODOGO
Ils ont dit :
Tiémoko Sangaré, président de l’Adema/Pasj
«Il faut ramener le parti à ses repères»
Je place mon mandat sous le renouveau de l’Adema, sous le retour du parti à ses valeurs. Vous savez, l’Adema est le seul parti depuis l’avènement de la démocratie au Mali qui a gagné les élections sans être au pouvoir. C’est parce que l’Adema est un parti qui avait été fortement implanté. Nous avons certes connu des fortunes diverses. Les vicissitudes de l’histoire ont fait qu’il y a eu des séparations. Mais, jusqu’à présent, les valeurs sur lesquelles on a fondé l’Adema restent valables aussi bien pour l’Adema que pour le Mali. La tâche qui est donc dévolue à la nouvelle direction, c’est de ramener le parti à ces repères-là. Si on les réussi, le reste sera facile.
Mes premières actions, c’est la mise en œuvre des résolutions de ce 5ème congrès ordinaire.
L’une des premières grandes décisions, c’est que la direction a été commise à la redynamisation du parti. Cela passe par sa présence auprès des structures. Ça sera donc l’une des toutes premières actions que nous allons entamées. Assurer la présence de la direction auprès des structures, aller expliquer, les documents issus du congrès qui seront rapidement ventilés afin que chacun se les approprie.
Moustapha Dicko, 4ème Vice-président
«Ce n’est pas la place qui m’intéresse»
L’appel reste le même. Que chacun se mobilise pour le parti sur la base de nos valeurs et de nos principes. Que chacun se rappelle d’où nous sommes partis, quels sont ceux qui, les premiers, ont animé ce parti-là, quels étaient leurs parcours, leur idéal, leur vision du monde et leur comportement de tous les jours. C’est seulement en revenant vers cela que nous pouvons nous réconcilier avec notre base, donc avec notre pays.
C’est un désir profond de revenir à nos valeurs et à nos principes. Je pense que c’est quelque chose qui ne s’octroie pas et qui ne se décrète pas non plus. Mais qui se vit. Qui, chaque jour, doit prendre du temps et de l’attention de chaque militant pour qu’on puisse aller dans ce sens-là. Est-ce que le combat a démarré ? Il ne s’est jamais arrêté en fait. Est-ce que, simplement, les forces qui sont acquises à cela auront la possibilité de s’exprimer et de mettre en œuvre les idéaux qui ne sont allés nulle part et de reprendre le chemin que nos devanciers nous ont montré.
Pour parler de ma candidature, je dois dire que je n’étais pas candidat à une place. J’étais plutôt candidat pour une mission. Moi, ce n’est pas la place qui m’intéresse. C’est qu’est-ce qu’on peut faire de cette place-là. Qu’est-ce qu’on apportera à son parti, à son pays étant à ce niveau de responsabilité. C’est cela qui m’intéresse. Si les gens le comprennent, c’est une excellente chose. Cela signifie que nous allons dans le sens du retour à nos sources. Mais s’il y a des forces qui s’opposent à cela ou des gens qui ne le comprennent pas tout de suite, on peut aussi comprendre. Vous savez, la vie politique n’est pas un long fleuve tranquille…
Arouna Cissé, Secrétaire aux questions économiques
«Notre parti sort uni et fort de ces assises…»
La raison et l’esprit militant ont prévalu et cela a fait que, vous avez suivi le rythme de nos travaux, leur durée et leur intensité. In fine, tout est bien qui fini bien. La chose s’est faite sur l’essentiel à notre grande satisfaction.
Notre parti sort uni et fort de ces assises et il se sentira plus que jamais engagé pour le Mali et pour ses militants et sympathisants. Nous sommes des socio-démocrates, nous sommes engagés pour le progrès social et pour notre pays. Surtout en ces temps qui courent. En tant que militant, je suis revigoré de ce congrès, en croyant davantage à mon parti et à l’engagement de mes camarades, en m’engageant dans la perspective de créer plus de cohésion au sein de notre parti pour plus d’unité d’action. Nous pensons que le congrès a tenu compte de tous les courants, il est allé dans le sens du consensus. C
ela est dû à l’engagement de certains camarades de référence. Le plus dur, c’est de reconnaitre notre intérêt commun et de regarder dans la même direction. Mais surtout le dépassement de soi, c’est-à-dire les ambitions personnelles et se consacrer à l’essentiel. Un parti, comme n’importe quelle organisation, a besoin des moments pour faire son bilan pour corriger les dysfonctionnements et pour rebondir de façon qualitative. Ces assises ont également ce rôle essentiel.
Propos recueillis par Bakary SOGODOGO