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Moussa Mara au sujet de la laicité: «Les leaders politiques en mal de popularité instrumentalisent la religion»
Publié le jeudi 28 mai 2015  |  Le Prétoire
Primature:
© aBamako.com par mouhamar
Primature: La passation de pouvoirs entre le PM sortant Moussa Mara et le PM entrant, Modibo Keita
Bamako, le 09 janvier 2015. La passation de pouvoirs entre le Premier ministre sortant, Moussa Mara et le Premier ministre entrant, Modibo Keita a eu lieu ce vendredi à la Primature.  




Invité par Acte Sept pour animer la conférence débat sur le thème : «Laïcité : que faut-il en comprendre», l’ex Premier ministre Moussa Mara a dénoncé la mauvaise interprétation du sujet par certains leaders. C’était le samedi 23 mai 2015, au siège de Acte Sept.

Le rapport entre Etat et religion étant devenu un débat permanent dans notre pays, Moussa Mara a tenté d’expliquer la laïcité, qui, selon lui-même, est devenue un terme à la mode. Tout le monde en parle, même ceux qui n’en savent rien, s’indigne-t-il. Il est employé au gré de l’intérêt de celui qui l’emploie. A l’en croire, la place de la religion est centrale au Mali et sera de plus en plus discutée. Car, déplore-t-il, depuis quelques années, on assiste à l’introduction de la religion dans la politique. Face à cette situation, le conférencier estime qu’il est nécessaire de saisir le sens de la laïcité, la mettre en perspective des enjeux majeurs liés aux rapports entre la religion et l’Etat.

Dans son explication, il dira que la laïcité recouvre deux aspects : la liberté de culte et l’équidistance entre l’Etat et la religion. Pour lui, la laïcité se définit comme étant la liberté individuelle de chaque citoyen de pratiquer le culte de son choix sans aucun risque pour lui dans la société. Elle est synonyme de séparation entre l’Etat et les religions comme sources d’inspiration ou de guide des règles de fonctionnement étatiques. Elle impose l’équidistance et la neutralité de l’Etat entre les religions.

Cependant, reconnaitra-t-il, il est souvent difficile pour l’Etat de faire fi des appréhensions de la société qui est quelques fois organisée en religion. Mais c’est condamnable de faire de la religion un moyen de mobilisation des électeurs. «Les leaders politiques en mal de popularité et de crédibilité tentent d’instrumentaliser la religion. Car la démission du leadership politique a fait que la population se reconnait de plus en plus dans les leaders religieux. Les leaders religieux en quête de pouvoir peuvent utiliser les hommes politiques pour arriver à leur fin.

Ça devient un spectacle de bourreau et de victime entre hommes politiques et religieux et vice versa», a affirmé Mara. Dans son analyse, le jour où on aura des leaders politiques crédibles, on évitera de faire recours aux leaders religieux.
Au plan international, il dénonce l’utilisation abusive de la laïcité pour combattre la religion allant jusqu’à vouloir réglementer les recoins de la vie des individus. Ce qui contraint certains croyants, notamment les musulmans, à adopter des comportements radicaux.

Selon le conférencier, de nombreux pays occidentaux qui font du radicalisme laïc et qui se disent laïcs oublient qu’ils sont en réalité imprégnés de valeurs chrétiennes plus ou moins explicites dans leur fonctionnement. A titre d’exemple, il a cité le parti d’obédience chrétienne du Premier ministre allemand, les prestations de serment sur la bible, la condamnation du blasphème dans le code pénal allemand, les récitations de psaumes par les écoliers danois, entre autres.

Pour replacer la laïcité dans son contexte, pour qu’elle soit bien comprise, préconise Mara, on doit cultiver le leadership positif, promouvoir la vertu dans nos sociétés, le dialogue entre les religions et entre celles-ci et les pouvoirs publics. Partant, il a suggéré le maintien des leçons de morale et de l’instruction civique de la première année du fondamental à la fin de l’université.

Oumar KONATE
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