Dans une correspondance en date du 19 mai dernier, l'honorable Bafotigui Diallo, député élu en Commune VI du District de Bamako a adressé une série de questions orales pour éclairer la lanterne de l'Assemblée nationale sur ce qu'on peut qualifier désormais du scandale d'engrais de mauvaise qualité que la SOMADECO-SARL a importé au Mali avec la bénédiction des autorités en charge de l'Agriculture et des Organisations paysannes, notamment le Ministère du Développement rural et l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture du Mali (APCAM). Pour qui connaît l'élu RPM de la Commune VI, on peut s'attendre à des moments difficiles pour le ministre Téréta et Bakary Togola. Pour rappel, l'élu a été particulièrement actif dans la révolte paysanne des années 1999 - 2000. L'affaire qui a fait grand bruit en son temps dans son parti d'alors, ayant entrainé son départ de l'ADEMA-PASJ.
Dr Bakari Treta - premier ministre
Dr Bakary Treta
Après la fête, la défaite. Quelques jours seulement après la célébration de la journée paysanne en grande pompe avec des déclarations mielleuses, voilà le puissant ministre du Développement rural, Dr Téréta avec une patate chaude, l’affaire d’engrais de mauvaise qualité. D’où son interpellation très prochaine à l’hémicycle par un député de son parti, Bafotigui Diallo, élu en Commune VI du District de Bamako.
« Quand il s’agit des intérêts du pays, le parti passe en second plan » a t-il laissé entendre en guise d’introduction. « Je ne veux pas que l’image de notre parti et du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, soit associée à des actions qui puissent leur porter préjudice un jour. Car, si l’on ne fait rien maintenant pour dénoncer cette sale affaire, ce ne serait pas au moment où elle va éclater au grand jour, que nous pourrions faire quelque chose. Car, il va s’en dire que ce jour là, c’est le président IBK qui en prendra le coup » a t-il martelé. « Or, nous avons beaucoup enduré avant d’en arriver là. » a t-il poursuivi.
C’est en ces termes qu’un haut cadre du Rassemblement pour le Mali (RPM) de la Commune VI nous a confié sous le couvert de l’anonymat par rapport aux démarches en cours de l’élu de son parti pour mettre toute la lumière sur cette affaire.
Selon lui, quand le député a eu vent de cette affaire, il aurait demandé au Bureau de l’Assemblée nationale de lever une mission d’information pour s’enquérir de ses tenants et aboutissants. Une situation qui n’honore pas le parti encore moins le président de la République. Mais curieusement, pour des raisons qu’il ignore, sa demande a trainé dans les tiroirs de l’Institution qui n’entend pas mettre sur la place publique un tel dossier. Cette attitude de ses collègues députés n’a nullement affecté son attachement à la recherche de vérité. C’est alors, qu’il acheta deux sacs de l’engrais indexé dans un magasin quelconque de la place pour en extraire des échantillons qu’il a envoyé dans des laboratoires d’analyse en France et en Côte d’Ivoire : SGS à Abidjan et Alpha Chimies en France. Les résultats de ces deux analyses sont équivoques (voir les résultats en annexe). Il ressort que l’engrais importé par SOMADECO-SARL est de mauvaise qualité. C’est pour cette raison, qu’il a adressé une série de questions orales au ministre du Développement rural, Dr Bocary Téréta.
« Ma démarche ne consiste pas pas d’indexer un responsable quelconque mais de prendre à témoin l’opinion nationale sur le risque qui plane sur les récoltes prochaines du fait des conséquences fâcheuses de ce mauvais choix commercial. » a t-il expliqué.
L’élu de la Commune VI est soutenu dans cette lutte par un parterre de paysans de presque toutes les régions. La semaine dernière, ils ont tenu une réunion secrète dans un hôtel de la place pour fédérer leur énergie contre la nouvelle mafia qui s’installe dans la filière agricole au détriment des intérêts du pays. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta a été informé de leur démarche. Car, en cas de pépin, c’est son mandat qui en accuserait le coup.
Mohamed A. Diakité